Industrie: L'Afrique , seulement 1,6% de la valeur ajoutée manufacturière mondiale entre 1990 et 2015; Le défi de l'industrialisation du contient (Par Strategy&, l’entité conseil en stratégie de PwC)

L’équipe mondiale d’experts dans le domaine du conseil en stratégie, Strategy&, membre du réseau PricewaterhouseCoopers vient de publier une étude consacrée au secteur industriel en Afrique, intitulée "Industrialisation en Afrique : réaliser durablement le potentiel du continent", un défi persistant selon le document, face aux capacités industrielles limitées et à la forte dépendance aux matières premières, une situation qui  non seulement est source de vulnérabilité économique mais qui pèse également sur le niveau de productivité industrielle des pays africains, mettant sous tension la compétitivité des économies.

Strategy& calcule la part de l'Afrique dans la valeur ajoutée manufacturière mondiale à seulement 1,6%  sur la période 1990-2015. En comparaison, la contribution de la région de l’Asie-Pacifique se situait autour de 45%. Cette situation s’explique notamment par la faible intensité technologique des activités manufacturières. En effet, plus de 80% de la VAM africaine est liée soit aux ressources naturelles, soit aux activités traditionnelles « low-tech », qui présentent en règle générale des niveaux de productivité limités. A titre de comparaison, la transition vers les technologies de pointe est précisément ce qui avait permis à l’Asie de développer considérablement ses capacités manufacturières et d’accélérer sa croissance économique.

Au cours des trois dernières décennies, la valeur ajoutée manufacturière (VAM) a connu un très fort niveau de croissance, atteignant notamment un pic de 19% (en proportion du PIB) en Afrique du Nord et de 14% en Afrique subsaharienne. Cette tendance s’est fortement ralentie depuis 2003. En effet, à l’exception de l’Afrique du Sud et des pays d’Afrique du Nord, la quasi-totalité (95%) des Africains – plus de 800 millions de personnes – vivent dans des pays dont la VAM est inférieure à 100 USD/habitant. À titre de comparaison, la VAM par habitant se situe autour de 620 USD au Brésil, 820 USD en Chine, 3 160 USD au Royaume-Uni et 5 220 USD aux États-Unis.

Au-delà du constat de la situation actuelle, c’est avant tout l’accroissement de la dépendance aux matières premières dans le temps qui est préoccupante. En effet, dans les années 1970, l’Afrique n’était, en proportion, pas plus dépendante des matières premières que les autres pays en développement. Mais si l’Asie a su réduire cette dépendance, de 70% à 20% depuis les années 1980, l’Afrique a suivi une trajectoire inverse.

Selon l’étude de Strategy&, en 2015, les matières premières représentaient 71% des exportations de marchandises en Afrique. Les économies africaines représentent à cet égard plus de la moitié des pays en développement, tributaires de la vente des produits de base (PDTPB). Au Bénin ou au Burkina Faso, les matières premières dépassent même 90% du total des exportations. Le risque de volatilité est d’autant plus fort que plus de 30% des matières premières exportées sont des produits agricoles.

Strategy& identifie dans son étude, 4 leviers stratégiques pour enclencher le rattrapage industriel, sur la base  d’une analyse des choix de politiques industrielles en Afrique, ainsi que dans d’autres pays émergeants. Le cabinet recommande ainsi de Capitaliser sur les ressources naturelles héritées pour créer de nouvelles activités à plus forte valeur ajoutée, et de miser sur des partenariats stratégiques afin de favoriser le partage de valeur et le transfert de technologie, notamment grâce à la proximité géographique entre le continent et les marchés alentours, qui est de nature à encourager des opérations de co-production dans le cadre de la stratégie des grands groupes internationaux.  Strategy& prône également la promotion des technologies de la révolution industrielle 4.0 pour dégager des gains de productivité, améliorer le niveau de compétitivité et mieux s’intégrer sur la chaîne de valeur notamment en contournant les problèmes d’infrastructures. Enfin, les auteurs de l’étude citent la nécessité d’améliorer le climat des affaires en minimisant le poids de la bureaucratie et des autres freins à l’investissement.

« Le potentiel du continent africain n’est plus à démontrer : sept des dix pays qui connaissent la plus forte croissance économique du monde sont en Afrique. Cependant le défi d’un développement durable et inclusif reste à relever. Ceci ne pourra avoir lieu qu’avec la mise en place de politiques industrielles innovantes, non dogmatiques et coordonnées entre les Etats », conclut Jonathan Le Henry, directeur Strategy& en charge de l’étude.

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