Entreprendre en Tunisie : Interview Khaled Zribi, président du CJD et Directeur Général de l'intermédiaire en Bourse CGF (Start-up Expo)

Il a été élu président du Centre des Jeunes Entrepreneurs en étant à la tête de l’intermédiaire en Bourse CGF, il est aussi président de la Bourse de Tunis aux côtés de Bilel Sahnoun récemment nommé au poste de Directeur Général. Riche de diverses expériences en matière d’entreprenariat, Khaled Zribi s’investit au travers d’instruments variés à faire développer la culture entrepreneuriale en Tunisie. Parmi les actions qu’il entreprend dans ce cadre, une intervention au Salon Start-up Expo lors de laquelle il a délivré notamment les secrets de la réussite des jeunes entrepreneurs. Interview-Tustex.   

 

1-Comment voyez-vous l'importance et l'impact de ce genre d'événement sur le secteur de l'entrepreneuriat ?

Au CJD nous essayons, à chaque fois que l’occasion se présente, de soutenir tous les projets et toutes les initiatives qui ont pour objectif la promotion de l’esprit entrepreneurial chez les jeunes.
Au moment où nous avons été contactés par les organisateurs, notre équipe chargée de l’entrepreunariat a tout de suite accepté d’être partenaire du salon.
Nous sommes convaincus que pour une relance de l’économie tunisienne, une des solutions est l’entrepreunariat. D’ailleurs c’est l’un des vecteurs stratégiques de notre  mandat au CJD, avec la formation et la fiscalité.
Je pense que ce genre d’évènement est une excellente occasion pour les jeunes, c’est un rendez-vous qui va leur permettre de rencontrer, en une journée ou deux, les principaux acteurs œuvrant en faveur de la création des entreprises. Ce contact direct ainsi que les différents workshops vont contribuer à faciliter l’échange et la transmission d’informations entre les différentes parties prenantes.

2-Quels sont les axes sur lesquels il faut travailler actuellement pour promouvoir la culture entrepreneuriale ?

Il faut entamer un travail à la base chez les jeunes. Il est important de valoriser l’entrepreneuriat et donner une nouvelle image de l’entrepreneur afin qu’il soit un exemple pour les futures générations.
Une réforme du système éducatif est nécessaire en poussant vers un rapprochement entre l’école et l’entreprise, l’étudiant doit avoir une idée sur celle-ci et connaître son environnement.
On doit aussi promouvoir la formation professionnelle, la perfectionner et la proposer comme une alternative encourageant l’entrepreneuriat.
Le programme Enactus au CJD répond justement à ces attentes. Depuis 2009, nous préparons les jeunes étudiants à entreprendre et à prendre l’initiative. Ces derniers sont regroupés en équipe représentant chacune une institution de l’enseignement supérieur, ils réalisent ou développent un projet d’entreprise au profit de personnes dans le besoin, afin d’améliorer leurs niveau et qualité de vie. C’est ce que l’on appelle « l’entrepreneuriat social ».
Enactus en Tunisie c’est : 1800 étudiants, 60 universitaires et conseillers pédagogiques, 53 projets réalisés, 430 bénéficiaires directs et 1200 bénéficiaires indirects.

3- Qu'avez-vous pensé de l'édition de cette année ?

C’est la première édition, je pense que c’est une réussite. Il y a eu une bonne affluence, beaucoup de jeunes étudiants, mais aussi beaucoup d’entrepreneurs et de chefs d’entreprises. Comme toute première expérience il y a certainement quelques imperfections, mais je suis sûr que les organisateurs sauront y remédier pour les prochains rendez-vous.

4-Parlez-nous un peu de votre intervention, quelles ont été les principales lignes ?

C’est tout simplement la vision que défend le CJD, notamment l’importance de l’entrepreunariat et de l’esprit d’initiative, j’ai essayé de présenter ce que fait le CJD dans ce sens à travers ses programmes et ses actions mais aussi de donner envie aux jeunes de se lancer dans cette aventure, de les encourager à ne pas baisser les bras et essayer de franchir les différents obstacles qu’ils peuvent rencontrer.
J’ai beaucoup insisté sur le fait qu’ils devaient absolument changer leur état d’esprit. Qu’il fallait qu’ils s’inscrivent dans une démarche volontaire. De ne pas attendre qu’on « vienne » leur « donner » quoi que ce soit. Entreprendre c’est avant tout vouloir. Il faut aller chercher l’information, il faut se battre, tomber, se relever et continuer son chemin. Et même quand on pense avoir réussit, c’est là que tout commence ! Chef d’entreprise, c’est une bataille de tous les jours !

5- Que manque-t-il aujourd'hui aux jeunes entrepreneurs pour réussir à mener à bout leurs projets ?

D’après notre expérience au CJD, nous pensons qu’il existe trois points sur lesquels on doit progresser, la formation, l’accompagnement et l’accès au financement. Des expériences comme le salon Start up Expo nous confirment ce constat. Beaucoup de jeunes sont passés par notre stand, nous étions à leur écoute nous leurs avions présenté ce que peut faire le CJD pour eux.
Pour la formation, nous avons lancé l’école du JD en juin 2014, une initiative qui a eu un grand succès et nous sommes maintenant à sa troisième cession qui va démarrer le 8 avril. Nous avons aussi décidé de délocaliser en lançant une cession à Sfax et à Nabeul.


Pour l’accompagnement nous allons continuer avec la deuxième phase du projet Wajjahni.com qui est un portail web doublé d’une web TV Emploi et Entrepreneurs, ayant pour objectifs premiers de sensibiliser et d’informer les jeunes diplômés chômeurs sur les opportunités qu'offre le marché du travail en Tunisie. Ce projet vise également, à les guider, à les orienter et à leur délivrer des conseils pratiques.


Le CJD a également une « mission » institutionnelle. De par notre appartenance à l’UTICA et au réseau CJD dans le monde, nous représentons le Jeune Dirigeant et son entreprise.


Il faut savoir que suite à l’étude réalisée par le CJD, en 2014, en collaboration avec la Fondation Konrad Adenauer et SIGMA Conseils, nous en sommes arrivés au résultat suivant : l’entreprise du Jeune Dirigeant pèse, dans tous les sens du terme (nombre d’entreprises, emplois, investissement, exportations …etc.) près de 50% de l’économie tunisienne. En Tunisie, nous devons impérativement améliorer le cadre juridique de l’investissement. L’Etat doit engager de grandes réformes et notamment celles du système fiscal et de l’éducation. De même, l’Etat doit redéfinir ses champs d’intervention pour aller vers plus de libertés et notamment celle « d’entreprendre ».
L’objectif du CJD est de contribuer à l’amélioration de l’environnement de cette entreprise pour qu’elle puisse investir, créer des emplois, créer de la richesse et tout cela dans un environnement marqué par notre valeur fondatrice : la Performance Globale. Nous travaillons sur un certain nombre de préalables à cet environnement : bien entendu, il s’agit de la stabilité sociale, politique et sécuritaire. Mais c’est également d’autres aspects dont notamment : la fiscalité, la formation, l’employabilité et la création d’entreprise. C’est sur cela que le CJD travaille et essaye de faire passer des messages aux autorités et aux pouvoirs publics.

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