
La Banque Centrale de Tunisie publie la 14ème édition de son rapport annuel sur la supervision bancaire relatif à l’exercice 2024 dans lequel elle retrace l’évolution de l’année en matière de réglementation bancaire et de surveillance micro et macro prudentielle ainsi que les perspectives et attentes de la BCT en matière de régulation bancaire. Le rapport dresse également le bilan de l’activité et de la situation financière des banques et des établissements financiers dans un contexte économique national et international qui demeure difficile.
Malgré ce contexte, le secteur bancaire a poursuivi ses efforts en matière de mobilisation de l’épargne, de financement de l’économie et de soutien à l’Etat et aux entreprises publiques. Parallèlement, le secteur bancaire a consolidé davantage ses ratios de solvabilité et de liquidité à la faveur du maintien des mesures prudentielles proactives prises par la BCT en matière de distribution des dividendes et de provisionnement du risque latent et de l’ancrage prononcé des pratiques de bonne gouvernance et de gestion des risques au sein des banques.
En 2024, le secteur bancaire a continué à consolider ses assises financières, malgré un contexte économique difficile qui s’est traduit par une montée des créances non performantes. Dans ce contexte, la BCT a poursuivi son approche prudente avec le renforcement des règles de calcul des provisions collectives et l’encadrement de la distribution des dividendes et ce, en vue de consolider l’assise financière.
Par ailleurs, l’activité bancaire a été marquée par le ralentissement de la dynamique du crédit et la croissance soutenue des dépôts.
Dans ce contexte, le Comité de Surveillance Macro-prudentielle et de Gestion des Crises Financières (CSM) a tenu sa dixième réunion le 7 novembre 2024 et a convenu de poursuivre la veille macro-prudentielle en vue de contenir les risques systémiques et de préserver la stabilité financière ainsi que de coordonner les initiatives en matière de verdissement du secteur financier.
En 2024, la situation des finances publiques a été marquée par une baisse du déficit budgétaire en 2024 à 6% du PIB contre 7,6% en 2023. Toutefois, le Trésor a eu recours essentiellement aux ressources intérieures pour le financement du déficit dans un contexte marqué par des difficultés de mobilisation des ressources extérieures à l’instar de l’année précédente.
En effet, l’Etat a levé sur le marché local un montant de 19,9 milliards de dinars en 2024 sous forme de bons du Trésor (+14,3 milliards) et au titre de l’emprunt obligataire national (+5,1 milliards) ainsi que 570 MDT sous forme d’un prêt syndiqué en devises. Le Trésor a également mobilisé 6,7 milliards de dinars auprès de la BCT sous forme de facilité accordée par la BCT au Trésor.
Ainsi, l’encours des financements bancaires à l’Administration et aux entreprises publiques s’est élevé à 43 milliards de dinars à fin 2024 soit 27,4% du total des actifs nets des banques (contre 34,7 milliards de dinars ou 24% à fin 2023).
Malgré cette hausse des besoins de financement du secteur public, les interventions de la BCT sur le marché monétaire ont enregistré une baisse significative avec le repli du volume global de refinancement de 14,3% pour se situer à 13,1 milliards de dinars à fin 2024 contre 15,3 milliards de dinars une année auparavant.
Concernant la situation du secteur extérieur, le déficit courant a affiché une contraction significative pour revenir à 1,5% du PIB au terme de l’année 2024 contre 2,2% du PIB en 2023 en rapport principalement avec l’amélioration des revenus du travail (9,8 milliards de dinars) et des recettes touristiques (7,5 milliards de dinars). Cette amélioration de la balance courante a permis d’atténuer l’impact du creusement du déficit commercial, qui a atteint 18,9 milliards de dinars en 2024 contre 17,1 milliards de dinars en 2023, sous l’effet de l’élargissement du déficit énergétique à 10,9 milliards de dinars à fin 2024 contre 9,7 milliards de dinars en 2023.
Aussi, la bonne tenue de la balance courante a permis la consolidation des avoirs nets en devises qui ont totalisé 27.332 MDT à fin 2024 ou 121 jours d’importation (contre 26.408 MDT ou 120 jours au terme de 2023).
En 2024, l’encours des crédits à l’économie a atteint 118,6 milliards de dinars enregistrant ainsi le même rythme d’accroissement observé au cours de l’année 2023 ; soit 2,8%.
L’analyse de l’évolution des crédits par catégorie de bénéficiaire fait apparaître une forte augmentation de l’encours des crédits accordés aux entreprises publiques passant de 9,5% en 2024 contre 8,3% en 2023 alors que l'évolution de l’encours des crédits accordés aux entreprises privées s’est maintenue à 1,5% au même titre qu’en 2023.
Par ailleurs, la répartition sectorielle des crédits aux professionnels fait apparaître une hausse de la part des crédits consentis aux secteurs des services et de l’agriculture et au détriment du secteur de l’industrie.
L’endettement des particuliers auprès du secteur bancaire a totalisé 29.407 MDT en 2024 contre 28.754 MDT l’année précédente, soit une progression de 2,3% (contre 3,1% en 2023 et 4,8% en 2022). Cette décélération s’explique principalement par le fort ralentissement des crédits à l’habitat dont le taux de croissance s’est limité à 0,8% en 2024.
Par ailleurs, la part des crédits aux particuliers dans le total des crédits à l’économie s’est stabilisée au cours des trois dernières années, atteignant 24,8% à fin 2024. Leur part dans le PIB est passée à 18,5% en 2024 contre 19,3% en 2023.
L’écart entre le ratio crédit par rapport au PIB et sa tendance de long terme s’est davantage creusé en 2024 faisant suite à un accroissement du crédit bancaire à un rythme moins important que celui de la croissance de l’activité économique. Cette situation reflète un ralentissement continu de la demande de financement en rapport avec la persistance de la conjoncture économique difficile et ses répercussions sur les entreprises et les particuliers.
La dynamique du crédit par type de bénéficiaire montre une poursuite de l’accroissement des crédits aux entreprises publiques contre un ralentissement des crédits au secteur privé ce qui a ramené la contribution des crédits au secteur privé à 38% de l’accroissement des crédits professionnels contre 54,5% en 2023. Pour leur part, les crédits aux ménages ont connu une décélération en 2024 avec une baisse de la part des crédits logement à 14,9% de l’évolution des crédits aux particuliers contre 48,1% en 2023.
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