La tension était assez palpable lors de l’AGO de la STB après l’annonce de la non distribution de dividendes cette année. Les petits porteurs ont fait savoir leur mécontentement quant à la

La tension était assez
palpable lors de l’AGO de la

STB
après l’annonce de la non distribution de dividendes cette année. Les
petits porteurs ont fait savoir leur mécontentement quant à la baisse
significative du résultat net et la hausse des risques liés à l’activité crédit
de la banque.

M. Bayoudh a, pourtant, annoncé, en levée de séance, un
programme d’action portant sur le colmatage de certaines failles dans le système
d’information, d’audit interne et dans les procédures d’octroi de crédit et de
recouvrement. Le premier dirigeant de la banque a beaucoup insisté sur le
renforcement de l’effort de recouvrement au niveau de tous les secteurs et
notamment le secteur touristique à qui on reproche d’être à l’origine de la plus
forte masse de créances douteuses estimées, selon des informations de plus en
plus récurrentes, à plus d'un milliard de dinars, héritées en majorité de la
fusion

STB
-BDET-BNDT. Le stock total des encours douteux de la banque a atteint, en
fin d’année, 1965MDT, soit plus de 50% des engagements bruts inscrits au bilan.
Il était de 1540MDT en 2003, d’où les quelques appréhensions qui sont venues
enrichir le débat entre dirigeants et actionnaires. Au vu de cette augmentation
du taux de défaut, plusieurs analystes et observateurs sont donc redevenus
craintifs quant à l’avenir de la première banque tunisienne. Certaines voix sont
même allées jusqu’à imaginer un scénario catastrophique pour la banque. Ces
mêmes voix accusent la fusion à trois, consommée en 2000 avec la BNDT et la BDET,
d’être derrière cet état jugé périlleux du portefeuille crédit du groupe

STB
. A vrai dire, aborder la question des CDL n’est plus un sujet à brûle
pourpoint pour la banque, son PDG qui vient de prendre les rênes à mi-chemin,
s’est montré conscient des craintes soulevées, faisant savoir que la banque a
beaucoup souffert durant les trois dernières années d’une conjoncture nationale
et mondiale difficile avec une reprise économique qui tarde à se confirmer. La
croissance réelle dans plusieurs secteurs vitaux de l’économie ne permet pas
toujours d’espérer un retour rapide à la normale avant quelques années. Cela est
surtout valable pour le secteur touristique qui, malgré ses performances
mitigées, a pu retourner en 2004 prés de 125MDT d’impayés constatés, allégeant
le poids des CDL. M. Bayoudh a insisté sur l’argument conjoncturiste pour
montrer que les provisions constituées jusque là ne sont pas des pertes
consommées à jamais mais, plutôt, qu’il y a possibilité d’enregistrer des
reprises sur ces mêmes provisions en cas de retournement favorable de la
conjoncture. M. Bayoudh a aussi mis en cause la mentalité des débiteurs qui se
sont imprégnés d’une culture dommageable  réticente au remboursement qu’il faut
mépriser.

L’espoir reste toujours permis pour la

STB
qui reste fortement impliquée sur plusieurs fronts. La banque a
constitué jusqu’à fin 2004 des provisions pour l’équivalent de 246MDT alors
qu’un montant de 433,7MDT est réservé pour les agios sur comptes débiteurs. Avec
une dotation annuelle de 13,4MDT comparée à 24MDT en 2003, l’effort annuel de
provisionnement qui sous-tend l’activité de crédit reste toutefois en deçà des
aspirations, n’atteignant pas les proportions enregistrées dans certaines
banques privées de taille plus faible. Par ailleurs, la banque a fait évacuer de
ses comptes pour prés de 31,9 MDT des créances totalement provisionnées. Ce
mécanisme expérimenté dans des pays qui souffrent du même problème, tels le
Japon ou la Corée du Sud, est viable s’il est bien géré et adéquatement complété
par des systèmes de contrôle qui freinent la reconstitution de nouvelles
créances douteuses. La cession de créances constatées pour pertes a permis à la

STB
, comme à d’autres banques tunisiennes, d’afficher un taux de couverture
de créances accrochées de plus de 40%.

Sur un autre front, le risque de dépréciation des titres en
portefeuille investissement de la banque a néanmoins connu un meilleur taux de
provisionnement. La banque s’est dotée de 16,8MDT au titre de l’année 2004 pour
porter le cumul de provisions à 84,4MDT. La valeur nette du portefeuille ressort
à 227,7MDT fin 2004.  Il est à rappeler que la banque avec le concours des
autorités publiques a mis en place une action d’envergure pour se désengager des
secteurs concurrentiels et se délester de la plupart des participations qui sont
hors son champ d’activité, essentiellement celles détenues dans le secteur
touristique. Ce programme ambitieux permettra à la banque de se débarrasser de
certains impayés rattachés historiquement à ces participations et d’escompter
par un tel désengagement un meilleur rendement sur ses crédits.

Au niveau de l’exploitation, la baisse du résultat net de
la société mère à 5,294MDT de 18,5MDT (-71%) une année auparavant contraste même
avec l’amélioration du PNB qui est passé de 116,9 à 124,3MDT (+6%). La capacité
des actifs de la banque à générer une marge d’intermédiation acceptable est
toujours mise en évidence et ne souffre aucune contestation. Reste que les
charges salariales et administrative, outre le coût du risque, sont désormais de
véritables sources de pression.  Pour que la

STB
puisse redresser la barre au niveau de son ROE moyen qui a chuté à 1,2%
fin 2004, il lui incombe d’agir sur ces postes de charges. Pour commencer, la
banque prévoit de réaliser une économie de coût annuelle de l’ordre de 3 à
3,5MDT sur ses frais de personnel en encourageant les départs à la retraite. En
2004, prés de 190 salariés ont choisi volontairement de partir en retraite
coûtant la bagatelle de 5 MDT à la banque. Une dépense immédiate qui aura un
impact positif sur les exercices ultérieurs. Par ailleurs, il y a lieu de
remarquer que les comptes consolidés de la banque ont enregistré certains
changements au niveau du périmètre de consolidation. L’écart entre le résultat
net part du groupe et celui de la société mère est insignifiant eu égard à la
taille du groupe. Le résultat net consolidé s’affiche ainsi au même niveau à
5,795MDT fin 2004.

La banque a annoncé en fin de son assemblée qu’une révision
de l’organigramme est à l’ordre du jour après le dernier changement du mode de
gouvernance. Il a été approuvé qu’un montant de 30MDT sera transféré de la prime
de fusion (fonds propres) aux provisions. Notons que selon le rapport annuel de
la banque, le ratio de solvabilité s’est affiché à 11,2% fin 2004 alors que son
ratio de liquidité est à 112,9%.

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