Le nouveau socialisme de la Tunisie (Par AlphaMena)

Une des questions qui a été soulevée par Christine Lagarde durant sa dernière visite en Tunisie, était le poids de la masse salariale publique. D’après la patronne du FMI, le taux des salaires payés par les autorités publiques par rapport au PIB (13%) est considéré parmi les plus élevés au monde. Sans aucun doute, en intégrant les avantages en nature et certaines entreprises publiques ou parapubliques, qui sont déficitaires et donc soutenues par le budget de l’État, ce taux de 13% augmenterait significativement. Les gouvernements qui ont dirigé la Tunisie après la révolution en 2011 ont pensé que pour limiter le gap entre les différentes classes sociales il fallait passer par l’augmentation des salaires au niveau de l’administration publique et par les recrutements afin de réduire le chômage. Cette politique a fait grossir l’État et qu’il faudrait en toute urgence commencer à maigrir la bête.

A travers notre couverture tunisienne (47 valeurs et une capitalisation boursière de 7,117 Mds€), qui malheureusement est imparfaitement représentative des activités économiques dominées par l’État mais elle est suffisante pour analyser la situation des niveaux de salaires en Tunisie même dans le secteur privé.

Notre groupe de valeurs tunisiennes représente 2% en termes de capitalisation boursière de l’ensemble de l’univers. La masse salariale des entreprises tunisiennes se monte à 1 Mds€, soit 7% de l’ensemble des salaires de l’univers AlphaMena. Ainsi, les profits générés par les entreprises tunisiennes représentent seulement 1,3% des bénéfices attendus en 2015 pour l’ensemble de l’univers AlphaMena. En d’autres termes, la faible rentabilité des entreprises tunisiennes est expliquée par une masse salariale élevée (malheureusement nous n’avons pas assez de données pour analyser le coût effectif de l’emploi notamment les taxes et contribution sociale par pays). Cette faible rentabilité des entreprises par un ROE qui s’est détérioré durant ces dernières années (en particulier en 2011).

Nos propos sont également confirmés par un salaire moyen qui a bondi d’une manière significative durant ces dernières années (voir graphique ci-dessous).

En regardant seulement les entreprises détenues par l’État tunisien, le poids des salaires devient encore plus important. D’ailleurs, nous avons réussi à identifier 15 sociétés où l’Etat intervient dans la gestion. Cette liste, qui a une capitalisation boursière de 908 M€ (12% de notre couverture tunisienne), paie une masse salariale de 372 M€ soit 40% de l’ensemble des salaires payés par notre couverture tunisienne. Inutile de donner d’autres chiffres, la conclusion est certaine : Le FMI a raison. Que faire maintenant ?

Par AlphaMena

 

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