Dette publique : La Banque Mondiale alerte sur l'effet d'un recours soutenu au financement local sur le le crédit au secteur privé

"Le recours soutenu au financement local pour financer la dette publique risque d’évincer le crédit au secteur privé", indique la dernière note économique de la Banque mondiale intitulée "Renforcer les filets de sécurité sociale pour plus d'efficacité et d'équité" publiée, mercredi.
 
Depuis 2019, la dette publique tunisienne est passée de 67,8 % du PIB à 84,6 % en 2023, où elle s’est depuis stabilisée, rappelle la note de la BM. En août 2025, l’encours total de la dette atteignait 135 milliards de dinars tunisiens (84,5 % du PIB). La combinaison d’un environnement de financement extérieur restreint et d’une dette publique croissante a conduit à un plus grand recours à l’égard du secteur bancaire national.
 
La part de la dette intérieure dans la dette publique totale est passée de 29,7 % en 2019 à 77 % en 2024. Cette évolution a nécessité un financement direct substantiel et une augmentation des opérations de refinancement par la Banque centrale de Tunisie (BCT) afin de soutenir le système bancaire local.
 
D’après le rapport "les injections de liquidités par le biais d’opérations de refinancement ont réorienté les ressources bancaires vers les prêts publics, limitant ainsi la disponibilité du crédit pour d’autres segments de l’économie".
 
"Au cours des dernières années, la part du gouvernement dans le crédit bancaire total n’a cessé d’augmenter, atteignant un tiers en août 2025, contre 15 % en 2019. Dans un contexte de croissance globale limitée du crédit, cette part croissante des créances sur le gouvernement a supplanté le crédit au reste de l’économie, qui n’a augmenté que de 3 % en août 2025 par rapport à août 2024".
 
En réponse, indique encore la même source, "le gouvernement a introduit des mesures dans diverses lois de finance afin de compenser partiellement les taux d’intérêt pour les PME. En outre, à la suite de la révision de la loi sur les chèques bancaires en août 2024, les banques sont tenues d’allouer au moins 8 % de leurs bénéfices de l’année précédente à des lignes de financement à court terme (jusqu’à deux ans) sans intérêt ni garantie pour les petites entreprises et les particuliers. En même temps, la diminution des créances sur le secteur privé suggère que les effets de ces mesures restent limités à ce stade".
 
TAP
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