Intervenant sur les ondes de radio Express FM, l'analyste financier, Bassem Ennaifer a évoqué l'initiative législative relative à la révision et au complément de la loi réglementant le statut de la Banque centrale de Tunisie. Il s'agit d'une initiative présentée par un certain nombre de représentants et qui a été renvoyée à la Commission des finances et du budget afin qu’elle soit examinée. A cet effet, Bassem Ennaifer a déclaré que les changements proposés dans le cadre de cette initiative sont profonds et dont l’objectif consiste à ce que la Banque centrale prenne les plus importantes décisions en se référant au Parlement et à la Présidence du Gouvernement.
Dans le même propos, l’analyste financier a souligné qu'il existe un malentendu concernant le concept d'indépendance de la Banque centrale, expliquant que les décisions de la BCT sont prises après consultation avec les différentes Institutions de l’Etat, notamment le ministère des Finances. Les décisions sont prises après évaluation de la situation économique. Et d’ajouter que la révision de la Loi fondamentale de la Banque centrale, selon le document expliquant les raisons, comprend 11 chapitres et a été complétée par 3 des chapitres transitoires afin que ladite loi soit en conformité avec les exigences de la Constitution du 25 juillet 2022 tout en fixant les contrôles et les conditions du financement direct du budget de l'État.
En outre, l'analyste financier a déclaré à ce propos que, selon l'initiative législative, l'objectif de la Banque centrale ne se limitera pas seulement à faire pression sur les prix, mais que les objectifs de la politique économique seront atteints en matière de croissance et d'emploi. De plus, la politique monétaire doit être cohérente avec la politique financière de l'Etat, sans oublier la stabilité du taux de change du dinar. Bassem Ennaifer a souligné, par ailleurs, que le dilemme de l'investissement en Tunisie va au-delà de la réduction du taux d'intérêt, affirmant que depuis décembre 2022, le taux d'intérêt est estimé à 8%, et à ce jour, le pays souffre toujours d'une inflation élevée. Et de poursuivre que compromettre l'indépendance de la Banque centrale ne donnera pas une impulsion aux investissements, mais au contraire perturbera la fluidité de la politique monétaire en Tunisie.
Dans le même sillage, l’analyste financier a estimé que l'amendement portant sur le chapitre 25 est le plus important car celui-ci affecte réellement l'indépendance de la Banque centrale. En effet, il stipule au point 4 : Le service de la dette, aussi bien le principal que les intérêts, pour les prêts libellés en devises sera automatiquement financé à partir des réserves de change détenues par la Banque centrale sans recourir à de nouveaux emprunts et ce, sous réserve que les réserves mentionnées soient supérieures ou égales à 90 jours d'importation au jour de la saisie. A cet égard, Bassem Ennaifer a indiqué que maintenir des réserves en devises étrangères, dans le seuil des 90 jours, aura un impact direct sur la stabilité du taux de change du dinar, et donnera une mauvaise image à l'économie tunisienne.
De plus, Bassem Ennaifer a considéré que la modification de la loi sur la Banque centrale afin de prêter directement au budget de l'État est l'une des solutions de facilité et provoque, par ricochet une inflation financière importante dans le pays, ajoutant que le recours au marché intérieur pour emprunter s'inscrit dans le cadre des obligations de l'État de fournir des réserves en devises étrangères. L’analyste financier a définitivement conclu que compromettre l’indépendance de la Banque centrale et la priver d’un certain nombre de pouvoirs aura un impact négatif et significatif sur la notation de la Tunisie auprès des agences de notation internationales et des institutions financières internationales.
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