La réunion qui s'est tenue vendredi 23 mai 2003 au siège de l'AIB entre les analystes financiers et le Président-Directeur Général de TUNISAIR, M. Rafâa DKHIL, a été l'occasion pour ce dernier de passer

La réunion qui s’est tenue vendredi 23 mai 2003 au siège de l’AIB entre les analystes financiers et le Président-Directeur Général de TUNISAIR, M. Rafâa DKHIL, a été l’occasion pour ce dernier de passer en revue les principaux changements intervenus depuis la réunion de Février et de présenter les principaux axes du plan de restructuration de la compagnie, enfin approuvé par l’ensemble des parties concernées.

Ainsi, M. DKHIL a commencé son intervention en rappelant l’important programme d’investissement entrepris par TUNISAIR pour le renouvellement de sa flotte, et en revenant sur la conjoncture difficile qui touche particulièrement le secteur du transport aérien. Il est par la suite longuement revenu sur la batterie de ratios, déjà présentée lors de sa dernière réunion avec les analystes financiers, mettant en exergue les problèmes structurels de la compagnie (l’importance de la masse salariale, le faible taux d’utilisation des avions, le nombre élevé d’agents par avion, …) et ayant conduit à une situation alarmante où les pertes cumulées ont atteint 40% des fonds propres.

Toujours à l’instar de sa dernière réunion, M. DKHIL a insisté sur l’indispensable mise en application d’un plan de restructuration pour sauver la compagnie. La bonne nouvelle de cette réunion, est que ce plan, si souvent annoncé et tant attendu, a finalement été approuvé (il aurait nécessité, d’après M. DKHIL, pas moins d’une cinquantaine de réunions entre les différents partenaires sociaux). Ses grandes lignes restent identiques, pour la plupart, avec celles déjà annoncées par M. DKHIL fin janvier 2003. Elles concernent essentiellement :

-         La filialisation : en se recentrant sur son métier de base, le transport aérien, TUNISAIR devrait filialiser l’ensemble de ses activités accessoires, telles que la maintenance, les activités au sol, la vente à bord, le call center …, comme cela a déjà été fait avec le catering ;

-         La restructuration des ressources humaines avec la négociation au départ de la pléthore de personnel, opération différente de celle qui a eu lieu en 2000. Il s’agirait dans ce cas, d’après M. DKHIL, d’un processus de départ volontaire pour lequel certaines catégories professionnelles n’y seraient pas autorisées (informaticiens, contrôleurs, techniciens de pointe, …). M. DKHIL a affirmé à ce sujet que, contrairement à ce qui a été annoncé sur certains médias, il n’est pas en mesure d’annoncer le nombre de postes à supprimer puisque les négociations se font au cas par cas. Ainsi, 200 départs ont effectivement été conclus et 200 autres sont actuellement à l’étude, l’ensemble de cette opération devrait  être terminé d’ici 3 mois. Ces départs devraient générer une économie de coût de 20 MD. Par ailleurs, un accord a été trouvé avec le personnel restant (agents et cadres de direction) afin de consentir à des sacrifices sur leurs rémunérations ce qui devra permettre de réduire la masse salariale totale ;

-         Le repositionnement commercial stratégique tel qu’il ressortira de l’étude à effectuer par le cabinet Lufthansa Consulting qui vient d’être signée et qui devrait s’achever en février 2004. Cette étude devrait particulièrement examiner la rentabilité des lignes et de l’activité charter ;

-         La cession des participations non stratégiques du portefeuille de la compagnie et d’une partie de son patrimoine foncier ;

-         La compression des charges de toutes natures ;

-         La réduction de l’enveloppe d’investissement initialement prévue à 220 MD et qui devrait être ramenée à 80 MD ;

-         La vente de 4 anciens avions.

Outre ces axes principaux, la restructuration de la compagnie passe également, pour M. DKHIL par une mise à niveau de l’ensemble des services et des représentations puisqu’une récente mission de contrôle de gestion a mis en évidence pas moins de 1270 défaillances de fonctionnement au sein de la compagnie.

Concernant l’activité en 2002, M. DKHIL a rappelé que les revenus de TUNISAIR ont baissé de 3,5% alors que le trafic a régressé de 12%. Malgré la hausse substantielle des primes d’assurance, les charges d’exploitation ont également baissé grâce essentiellement à la contraction de la facture d’achats de carburant. L’écart entre le résultat prévisionnel de 70 MD et le résultat réalisé de 31 MD, trouve sa justification, d’après M. DKHIL, dans la prise en compte des plus-values réalisées sur gain de change suite à l’appréciation de l’Euro (+12MD), sur la cession des titres UIB (+15,5MD) et sur la location de deux B737 au Soudan.

 

A ce stade et en réponse à l’indignation des analystes financiers face à un écart aussi important entre les prévisions de la compagnie et ses réalisations, M. DKHIL a rappelé les particularités de TUNISAIR en matière de comptabilisation des charges et produits provenant de l’étranger laquelle opération exige des délais relativement longs. Il a d’ailleurs profité de cette occasion pour annoncer les importants changements ayant touché la direction financière dont le staff a été entièrement renouvelé avec, à sa tête, M. Adel GAÏDA, ancien directeur financier de la STAR. Ce dernier, appuyé par M. DKHIL, s’est engagé à soigner la communication financière de la compagnie en en améliorant la fréquence et le contenu , et à assainir les comptes au moyen d’un audit financier qui devrait permettre de mettre fin aux nombreuses réserves émises par le commissaire aux compte. De même, la nouvelle équipe financière a annoncé l’autorisation obtenue des autorités pour recourir, s’il y a lieu, aux mécanismes de couverture contre les risques de change et de taux (hedging).

Pour ce qui est de l’activité 2003, les quatre premiers mois, marqués par une morosité liée à la guerre en Irak, ont vu le trafic baisser de 4,9% et les recettes de 12%. Une vieille simulation anticipait un déficit en 2003 de 100 à 110 MD en cas de guerre. Un tel scénario doit être actualisé en tenant compte de l’application des premières mesures du plan de restructuration. M. DKHIL a affirmé que la compagnie est en train d’élaborer un nouveau budget en tenant compte des nouvelles données. En attendant les détails et en tablant sur un retour à la normale sur le plan touristique, M. DKHIL a annoncé que TUNISAIR pourrait renouer avec les bénéfices en 2005, voire en 2004.

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