De l’utilité de la communication financière

Depuis quelques semaines, nous assistons à une multiplication des communications financières des sociétés cotées. Ce mouvement est certes louable mais répond-t- il réellement aux besoins des analystes et des investisseurs ? Permettez nous d’en douter tant plusieurs émetteurs se contentent de généralités et de quelques explications superficielles sur l’évolution de leurs affaires.

Dans l’une de ces récentes analyses, l’excellent bureau indépendant d’analyse Alpha Mena, a titré l’inutile communication financière de Monoprix. Ainsi il argumente en disant que le nouveau management de la société a éludé le principal problème qui est l’écrasement des marges et n’a pas évoqué les actions concrètes pour redresser la barre et inverser la tendance baissière des marges. Par ailleurs, sur la question clé de la cession projetée de 25% par l’actionnaire majoritaire EXIS, Alphamena est très surpris par la réaction du dirigeant qui affirme que cela concerne les actionnaires et n’aura pas d’impact sur la société et sa stratégie. Effectivement, cette réponse est très bizarre puisque depuis quand une cession à 25% est neutre dans la stratégie d’une société. L’éventuel partenaire financier aura évidemment son mot à dire dans la gestion et les orientations stratégiques du distributeur.

Là se pose une question clé lorsque la gouvernance est dissociée entre un directeur général (n’appartenant pas à l’actionnaire majoritaire) et un Président du Conseil (représentant l’actionnaire majoritaire est ce qu’on ne devrait pas avoir les deux animant la communication financière car forcément il est plus indiqué de poser des questions ciblées à l’un ou à l’autre. Dans tous les cas où les communications financières sont animées par un dirigeant qui n’est pas dans le bloc majoritaire, se pose la question de la pertinence de poser des questions d’ordre capitalistique.

Récemment, la société CELLCOM a conclu un partenariat capitalistique avec un fonds d’investissement SWICORP et a très peu communiqué sur la question. Est-ce que le directeur général est dans ce cas la personne idoine pour répondre aux objectifs de ce partenariat, est ce qu’il est totalement d’accord sur les conditions du deal…. ?

Pareillement, il y a quelques mois, le Groupe Tunisie Leasing a racheté en partenariat avec Amen Bank un réseau de sociétés financières en Afrique et a été très discret sur les conditions et objectifs de ce deal. Or lorsqu’une décision est prise par l’actionnaire majoritaire et juste mise en œuvre par le management, on ne peut pas s’attendre à ce que les dirigeants opérationnels soient très motivés à communiquer.

Faire de la communication financière parce qu’il faut en faire ne sert absolument à rien car les analystes en sortent frustrés et n’ont pas une solide connaissance et de bons arguments pour convaincre leurs investisseurs de telle ou telle stratégie d’investissement.

En définitive, l’opacité de l’information financière et la légèreté des communications financières continuent à alimenter une aversion importante vis-à-vis des sociétés cotées. Il n’est dés lors pas étonnant que la liquidité du marché se réduise comme peau de chagrin et que le nombre de petits épargnants se contracte de jour en jour. La relation émetteurs – épargnants n’en a pas fini de connaître une défiance réciproque.

 

 

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