Bilel Sahnoun revient sur le Colloque «Accès au marché et pérennité de l'entreprise» organisé par la Bourse de Tunis

Le Directeur Général de la Bourse de Tunis, Bilel Sahnoun, a commenté ce matin, au micro d'Express Fm, la rencontre qui a eu lieu hier, 24 mai 2016, au siège de la Bourse de Tunis, en présence du ministre des finances et d'une soixantaine de groupes et entreprises familiales, dans l'objectif de présenter les avantages du marché financier, notamment en matière de pérennité.

Il s'agit en quelques sortes d'une opération séduction pour prospecter les futures sociétés susceptibles d'intégrer le marché boursier. L'évènement tournait autour de la problématique de la transmission d'entreprises, partant du constat que seules 30% des entreprises dans le monde dépassent la première génération, et seules 12% d'entres elles atteignent la troisième génération, a indiqué Sahnoun, face à ces statistiques, l'introduction en bourse est quasi-unanimement considérée comme le meilleure moyen d'assurer la continuité des entreprises, a-t-il ajouté.

Nous assistons aujourd'hui à une profonde mutation chez beaucoup de sociétés tunisiennes, fondées dans les années 70 et que Sahnoun appelle "la génération Nouira", et qui aujourd’hui sont gérées par la deuxième génération ayant une approche et des visions différentes des fondateurs, des différences accentuées par les formations modernes en matière de management et les apports technologiques comme les systèmes d'informations.

Il s'agit pour la Bourse de Tunis de se positionner entre les deux générations pour accompagner cette transformation. Concrètement, Bilel Sahnoun a évoqué cinq propositions à l'attention du gouvernement et en particulier du ministre des finances, la première concernant les incitations fiscales qui devraient être adressées non seulement aux entreprises mais aussi aux investisseurs. La deuxième portera sur le rôle des banques et sociétés d'assurances pour renforcer leur rôle sur le marché financier, il faudra pour cela revoir la loi de 1994 qui a laissé un peu à l'écart les institutions financières.

La troisième proposition portera sur le recours au marché financier pour financer les entreprises publiques, les groupements locaux et surtout les projets entrant dans le cadre du PPP, ceci aura pour avantage de soulager le budget de l'Etat.

Quatrièmement, Bilel Sahnoun propose de relever le plafonnement de la participation étrangère à l'image de ce qui a été fait en 2014 (de 50 à 60%), sur des places comparables avec celle de Tunis, il n'y a plus de plafond et plus de secteur soumis à autorisation, indique le responsable. De son côté, Slim Chaker, ministre des finances a promis de se pencher sur la question.

La cinquième proposition est la plus importante, aux yeux de Bilel Sahnoun dont l'objectif est de renforcer la capitalisation boursière, est d'ouvrir le capital des entreprises étatiques, entre autres pour étoffer des secteurs aujourd'hui non représentés dans le Tunindex.

Bilel Sahnoun est revenu sur un point soulevé par Slim Chaker, qui a rappelé que la direction des grandes entreprises au sein du ministère comptait 2000 sociétés, qui sont les premiers contribuables du pays, ce qui en dit long sur l'étroitesse du marché boursier tunisien qui ne compte que 79 sociétés cotées, et sur le travail colossal qui reste à faire, a indiqué Bilel Sahnoun, ajoutant que les obstacles à l’introduction en Bourse ne sont pas les mêmes pour toutes les sociétés, ce qui impliquera une démarche BtoB pour trouver les mécanismes adéquats pour chacune.

Le DG de la Bourse de Tunis a également profité de son intervention pour revenir sur la loi de 2007 relative aux sociétés mères et aux Holding, une loi méconnue et peu utilisée jusque là et qui offre un grand avantage fiscal, à savoir la déductibilité des plus values sur l’apport des actions des sociétés filiales, les 79 sociétés cotées à la BVMT ont un rayon de consolidation qui totalise environ 400 sociétés a-t-il indiqué, il faudra travailler pour inciter les groupes à s’ériger en Holding pour permettre aux filiales de bénéficier des mêmes avantages lors de l’introduction en Bourse.

Par ailleurs, la configuration du tissu économique tunisien place inévitablement les PME au centre de l’attention, indique Bilel Sahnoun, une catégorie qui représente 97% des entreprises tunisiennes et qui compte près de 12 000 entités employant entre 10 et 200 personnes, disposant d’un potentiel de croissance important et qui parallèlement manque de garanties suffisantes pour accéder au financement bancaire. Il y a actuellement un travail en cours pour préparer un kit destiné aux PME pour un accès simplifié au marché, et qui devrait être opérationnel au quatrième trimestre 2016.

Bilel Sahnoun a ajouté que les efforts de promotions devront être accompagnés par les intermédiaires en Bourse, il y a bel et bien une nouvelle dynamique sur le plan des introductions en Bourse, avec une dizaine de dossier actuellement en cours, qui ne devraient toutefois pas aboutir tous cette année, qui ne connaitra vraisemblablement que deux ou trois opérations, essentiellement dans l’industrie. Interrogé sur la question de la confiance, le DG de la Bourse de Tunis a insisté sur la transparence et la sécurité qui caractérisent le système, aujourd’hui irréprochable selon lui, reste que la place de Tunis traine de vieux dossiers qui lui ont collé une mauvaise étiquette.

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