TUNISAIR : La compagnie revoit son plan de sauvetage et sollicite davantage de soutien de l'Etat

Date: 14/01/2019Unité monétaire: TND
Valeur nominale1Nbre d'actions106 199 280
Dernier cours0.530PER (sur 1 année) / marchén.dx/10,76x
Var. der. clôture %0BPA (sur 1 année)n.d
Bidn.dDer. dividenden.d
Askn.dDate Distribution
Cap. Boursière56 285 618Var. sur 1 an0.530->0.530
MM(20)-MM(50)0,530-0,530Rdt ajusté depuis le 31/12/2023nc
Echg. quot. moyen (sur une année)0Advance/Decline (sur une année)0 hausses / 0 baisses

L'assemblée générale ordinaire de Tunisair, s'est tenue aujourd'hui, 29 décembre 2017, sous la présidence du PDG de la compagnie Elyes Mnakbi, en présence de 69% du capital présent ou représenté. Rappelons que la compagnie a publié la semaine dernière ses comptes relatifs à l'exercice 2016, et qui font apparaître un déficit de 165,5 MD pour la compagnie et de 196,6 MD au niveau groupe. 

La compagnie nationale a enregistré en 2016, une amélioration de 2,3 points de son taux de remplissage, pour atteindre 71,4%. A noter que sur ce plan, les données de l'IATA classent 2016 comme une année record sur le plan mondial. Avec une moyenne de 80,3%. La part de marché de Tunisair a en revanche reculé de 0,9 points pour d'établir à 39,9%. A noter que la société a enregistré une hausse des perte de changes passant de 34 à 60 MD entre 2015 et 2016, principalement liées à l'actualisation des emprunts libellés en monnaie étrangères, le dinars ayant perdu 15% en moyenne face au dollar US et 10% face à l'euro.

Au niveau des filiales, les états financiers consolidés font apparaître, et après déduction des intérêts minoritaires, une perte de 22,140 MD pour Tunisie Handeling à fin 2016 contre une perte de 21,941 MD un an plus tôt. Tunisair Express affiche de son côté une perte de 10,941 MD en 2016 contre une perte de 2,552 MD en 2015. En revanche, le résultat net de Tunisair Technics est passé au vert pour atteindre 1,449 MD vs -1,141 MD en 2015, alors que la filiale AMADEUS à vu son bénéfice augmenter de 6,229 à 9,185 MD.

Tunisair a d'autre part constitué une provision de 5,2 MD au titre des affaires en justice, les CAC ne sont toutefois pas en mesure d'estimer la suffisance de cette provision en l'absence d'informations suffisante sur les litige en cours, tout comme ils n'ont pas pu se prononcer sur l'estimation du risque réel lié au intérêt moratoires courus entre mai 2015 et décembre 2016 et relatifs aux difficultés de recouvrement des créances de Tunisair S.A. La compagnie a constitué une provision de 17,3 MD pour couvrir le risque lié au jugement du tribunal de première instance de Nouakchott en mai 2015 dans l'affaire Mauritania Airways.

 Les principaux faits ayant marqué l'activité de la compagnie et du groupe ont été le lancement de la première ligne long courrier vers Montréal et la réactivation des lignes vers Moscou et Prague, ainsi que l'ouverture d'une nouvelle ligne Tunis-Niamey, et le renforcement du nombre de vol vers Abidjan, Dakar, Bamako et surtout Alger, avec désormais 11 vols hebdomadaires vers la capitale du pays voisins. Par ailleurs la société a procédé à la cession de l'A340 présidentiel et de 4 autres appareils B 737-500, ce qui a permis de soulager la trésorerie de la compagnie. Au niveau de l'activité fret, la compagnie a enregistré une baisse de 5% en tonnage et de 7,8 points au niveau de la part de marché. L'année 2016, marque également la reprise de la l'activité de Tunisie Catering.

Par ailleurs, outre les réserves relevées par les CAC liées à l'inventaire des immobilisations, des projets informatiques (AISA), des actifs destinés à la vente, au traitement comptable des redevances aéroportuaires et de la situation avec l'OACA...Le rapport des CAC a souligné le seuil atteint par les fonds propres devenus en deçà de la moitié du capital social, ce qui en vertu de l'article 388 du code des société commerciales impose au conseil d'administration de provoquer la réunion d'une ÂGE pour statuer sur une éventuelle dissolution de la société.

Le management avait par la suite la lourde tache de présenter le plan de sauvetage de la compagnie nationale, face à des actionnaires perplexes et très mécontents. Un plan révisé pour s’adapter à la nouvelle donne imposée par l’ouverture du ciel tunisien à partir de 2018. Rappelons que la première version a été élaborée en 2012, le nouveau plan est actuellement soumis à l’approbation du ministère du transport et devra prendre en compte le reste des sociétés du groupe. Le premier point dégagé par le diagnostic du management est l’omniprésent problème du sureffectif,  évalué à 1146 employés, la hausse de 11% enregistrée en 2011 a constitué un nouveau tournant qui a aggravé davantage la situation de la compagnie, avec une masse salariale en hausse de 37 MD annuellement en moyenne. Cette situation était d’autant plus grave qu’elle a coïncidé avec l’effondrement du tourisme   et les fortes baisses de trafic enregistrées avec qui plus est la perte du marché libyen,   La compagnie a perdu 19% de son trafic régulier et 90% au niveau de son activité charter.

La direction de la compagnie a ainsi identifié les principaux axes stratégiques pour redresser la situation de la société d’ici 2020. Le soutien de l’Etat apparait comme une condition fondamentale dans la vision du management, tant au niveau des dettes, principalement celles liées à l’OACA, qu’à celui du plan d’allégement de l’effectif  qui prévoit un retour aux standards de l’industrie en termes d’effectif/avion.   La compagnie prévoit par ailleurs de développer la plateforme de l’aéroport Tunis-Carthage,  et profiter de sa non inclusion dans les accords open sky pendant les cinq premières années pour gagner du terrain dans la perspective de l’ouverture totale du ciel tunisien. Tunisair entend ainsi porter à 220 ses vols  sur Tunis-Carthage contre 177 actuellement.  Des efforts particuliers seront également dirigés sur les aéroports de Monastir et Djerba,  la compagnie compte beaucoup sur l’amélioration de ses recettes auxiliaires pour pouvoir offrir des prix compétitifs dans le nouveau contexte concurrentiel.     

L’autre volet concerne le développement du long courrier, en renforçant la ligne Tunis-Montréal pour atteindre 4 fréquences hebdomadaires en 2018, et en ouvrant la liaison avec New York, vraisemblablement en 2019. Avec le doublement de certaines fréquences sur les marchés traditionnels et l’ouverture de deux nouvelles dessertes par an en moyenne sur le continent africains, la compagnie compte globalement porter le nombre de ses vols hebdomadaires à 340 en 2020 contre 257 en 2017.  

Pour son activité Cargo, la compagnie s’est donné pour objectif d’atteindre un chiffre d’affaires de 57,6 MD en 2018 contre 50,4 MD prévu à fin 2017, pour arriver à 62,1 MD en 2020, le management envisage la location d’un appareil pour renforcer sa flotte dans cette perspective. S’agissant justement du plan de renouvellement de la flotte, la compagnie a engagé des discussions avec Airbus et a pu obtenir l’anticipation de la livraison de 2 A320neo en 2020 au lieu de 2022. Ceci permettra par ailleurs d’ajuster le plan de retrait des appareils âgés de 26 et 27 ans,  et portera progressivement l’âge moyen des appareils à 14,9 années en 2020, contre 16,1 en 2018.  Pour les acquisitions futures, la compagnie envisage de recourir aux compagnies de leasing et atteindre une proportion de 20 à 25% de ses appareils sous cette forme pour faciliter les opérations de remplacement.  Le Business Plan, actuellement en discussion, prévoit une évolution moyenne de 9,7% du trafic passagers d’ici 2020, pour atteindre 4 687 185. Par ailleurs, le management a évoqué une augmentation de capital et un changement du mode de gouvernance. 

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