L'ouverture du capital de SOMOCER qui intervient une année après celle de la STIP a été une occasion pour les professionnels du marché pour débattre des problèmes qui

L'ouverture du capital de SOMOCER
qui intervient une année après celle de la STIP
a été une occasion pour les professionnels du marché pour débattre des problèmes
qui affectent la bourse de Tunis et sapent le moral de ses intervenants. Tout le
monde espère le retour du petit épargnant dans son giron et retrouver un marché
de détail animé après une longue période de désistement. Il est vrai que
l'effritement continu de l'épargne institutionnelle investie en titres de
capital n'aide en rien le niveau de rotation à se redresser.



Dans un contexte aussi difficile, les initiateurs de l'offre SOMOCER
ont accepté de relever le défi et de venir en bourse avec 336.000 titres. Une
tranche réservée aux investisseurs institutionnels portant sur 224.000 titres
vient d'être clôturée avec succès selon l'arrangeur de l'offre.



Dans sa réunion avec les professionnels du marché financier, M. Abdennadher,
président du groupe qui contrôle avec la famille ABDENNADHER la plus grande
partie du capital de la SOMOCER
(soit 72% avant l'OPV et 52% après), a bien fait de rassurer les intermédiaires
et les instances boursières de l'engagement ferme de la société à réunir
tous les arguments nécessaires pour encourager l'adhésion de l'actionnariat
populaire et à préserver les droits des minoritaires. En effet, il a été
convenu qu'un 1/3 du produit de vente de cette offre sera affecté dans un
contrat de liquidité qui servira à réguler le cours post-introduction et à
maintenir les cotations au-dessus du cours d'introduction. Un montant similaire
sera alloué au financement du plan de développement de la société qui a
entrepris son troisième programme de mise à niveau. M. Abdennadher a tenu à
respecter une période de lock-up sur sa participation stratégique dans le
capital. La société qui entend porter son ratio de solvabilité (capitaux
propres/capitaux permanents) de 70% à 98% d'ici 2008 est confrontée à des
challenges, a-t-il dit, et aura tendance à privilégier l'autofinancement dans
sa prochaine phase de croissance. Il n'en faudrait pas moins pour rappeler que
le ratio d'endettement reste à des niveaux assez élevés malgré sa baisse
drastique de 208% en 1999 à 106% en 2001.



Pour rassurer davantage les nouveaux actionnaires, M. Abdennadher a tenu à
faire remarquer que la société, même si elle fait partie d'un groupe de fait,
demeure néanmoins gérée de façon autonome ce qui enrichit d'une certaine
manière la valeur intrinsèque de la société et valorise son propre apport
dans le groupe. La faible taille des transactions commerciales et financières
transitant en amont et en aval reflète un niveau d'ingérence tolérable. Il
ressort de la lecture du prospectus que le groupe est essentiellement un
fournisseur historique d'immobilisations pour la société. Par ailleurs, le président
du groupe s'est engagé à préserver cette indépendance et à révéler toute
opération incidente qui interviendra entre la société et les autres parties
liées du groupe. Enfin, interpellé sur les raisons essentielles de cette
ouverture, le responsable de l'information du groupe ABDENNADHER les a résumées
dans les points suivants : (1) se rassurer sur l'avenir de la société ; (2) 
consolider la dimension internationale de la firme  qui exporte 40% de sa
production ; (3) instaurer une nouvelle logique des performances ;  (4) accéder
à de nouvelles sources de financement.



Il est fort intéressant de constater qu'au vu de la masse d'informations
contenue dans le prospectus d'admission de SOMOCER,
un effort informationnel a bien été consenti par les différentes parties
impliquées dans l'offre. Nous retenons certains éléments clés dans celle-ci
qui pourraient justifier cette perception et qui ont retenu l'attention des
professionnels; Il peut s'agir à première vue de relever l'engagement foncier
et moral de la société à respecter les recommandations dressées par le CMF
dans la partie introductive de l'offre. Le régulateur du marché a tenu
clairement à asseoir une nouvelle démarche pour imposer plus tangiblement la
culture de transparence pour les sociétés qui envisagent de s'introduire en
bourse. Les nouveautés apportées par le dossier d'introduction de SOMOCER
sont multiples et montrent le chemin parcouru depuis la présentation de l'offre
SOTRAPIL.
Les états prévisionnels ont été dressés conformément aux normes
internationales d'audit. Ces états  ont fait l'objet d'un examen par deux
commissaires aux comptes agrémentés sachant qu'ils vont servir de base à l'évaluation
du titre à un instant bien déterminé. En connaissance de cause, et selon les
suggestions du CMF, les analystes seront nécessairement appelés à les réviser
chaque fois qu'intervient un événement majeur communiqué par la société et
touchant à son business plan. Les coûts d'agence s'en retrouvent ainsi réduits
pour l'actionnaire minoritaire grâce à cet engagement formel des dirigeants à
paraître plus transparents, chose qui n'est pas aisée dans les groupes privés
à caractère familial. Implicitement, ils sont appelés à maximiser la valeur
de l'entreprise et à adapter le mode de gestion qui convient le mieux à cette
tâche. C'est une approche tournée vers la création de valeur donc qui devrait
prévaloir pour fidéliser l'actionnariat mais qui n'en demande, selon certains
analystes présents à la réunion, qu'une révision de la politique de
distribution de la société pour refléter la décote globale du marché. La
société a programmé un taux de distribution de 30% sur les sept prochaines
années mais elle sera plus probablement amenée à revoir sa politique financière
en jouant sur un financement par le haut du bilan. Les responsables paraissent
conscients de l'utilité économique de la bourse qui ne devrait pas se limiter 
à une simple quête de notoriété.



Enfin, que le discours tenu par les dirigeants du groupe paraisse en phase avec
les attentes du marché financier, le sentiment de méfiance reste assez
perceptible chez les professionnels qui ne font que transposer la psychologie fébrile
du petit épargnant.