
Le professeur d’économie Aram Belhaj a déclaré, au micro de radio Express FM, que la dette publique en Afrique est devenue un problème majeur. Les chiffres indiquent d’ailleurs que celle-ci représente en moyenne, 63% du produit intérieur brut (PIB) du continent. Il a noté, à ce titre, que les chiffres varient selon les pays, certains dépassant 100%, tandis que d’autres sont inférieurs à 63%.
Sur les 54 pays africains, 25 sont classés comme connaissant une grave détresse financière, le service de la dette devenant insupportable, dépassant pour certains les budgets combinés de la santé et de l’éducation dans plusieurs pays africains. Ces chiffres ont été présentés dans le cadre de la tenue de la Conférence de l'Union africaine sur la dette publique en Afrique à Lomé du 12 au 14 mai 2025.
A ce propos, Aram Belhaj a déclaré qu’une grande partie de la dette publique n’est pas destinée à l’investissement, mais plutôt au financement des budgets de l’État, qui sont principalement alloués aux salaires, au soutien et au service de la dette, avec une petite proportion dirigée vers l’investissement. Il a également souligné que les pays africains empruntent en devises étrangères, ce qui représente un problème majeur, notamment à la lumière de la détérioration du taux de change. Et le professeur d’économie d'expliquer qu’une grande partie de la dette provient du secteur privé, et non pas de sources bilatérales ou multilatérales. Cela signifie qu’une grande partie de la dette provient d’autres marchés, et non d’autres pays ou de donateurs internationaux.
Dans le même registre, Aram Belhaj a souligné que certains pays, comme le Ghana, la Zambie et l’Éthiopie, rééchelonnent leurs dettes. Il a, d'ailleurs, expliqué que les recommandations de la conférence étaient générales et ne prenaient pas en compte les spécificités de chaque pays. En effet, les recommandations portaient généralement sur une demande d’annulation d’une partie de la dette, non seulement auprès des institutions internationales mais aussi du secteur privé, compte tenu des taux d’intérêt élevés imposés par l’Union européenne et les États-Unis. Il s’agit en outre de réviser le cadre commun du G20 et de le réformer ou de le modifier dans l’intérêt des pays africains.
Par ailleurs, l’invité de radio Express FM a souligné que les pays africains n’ont pas nié l’existence de problèmes de gouvernance et que des réformes structurelles sont de ce fait, nécessaires, notamment des réformes de la fiscalité, du cadre institutionnel et de la législation, ainsi que le rôle important des parlementaires pour assurer la viabilité de la dette publique.
La conférence a également abordé la nécessité d’une intégration entre les fonctions législatives et exécutives et d’une intégration entre les autorités, ainsi que le renforcement de la coopération internationale et des partenariats entre les États africains, car ils nécessitent une intégration économique et financière, une revitalisation du marché financier ainsi qu’une facilitation des opérations de financement.
Ces recommandations doivent être mises en œuvre sur le terrain pour que le continent africain puisse progressivement sortir de la dépendance qu’il connaît. A cet effet, Aram Belhaj a estimé que l’initiative de l’Union africaine était importante, même si elle a tardé à se concrétiser, et qu’elle endossait une grande responsabilité. Il a souligné la nécessité d'activer l'intégration économique doublée d’un marché financier commun, et pourquoi ne pas, le cas échéant, créer une monnaie africaine commune, comme le prévoit l'Agenda 2063 de l'Union africaine.
Pour conclure, le professeur d’économie a réitéré la nécessité pour l’Union africaine d’œuvrer à l’activation de la zone de libre-échange ZELECAF et à la transition vers une union douanière, puis un marché commun et enfin une monnaie africaine commune. Il a estimé que ces objectifs étaient ambitieux, mais que les pays africains, dotés de toutes les capacités techniques et humaines, pouvaient les atteindre, notamment en ce qui concerne l’intégration économique et la réalisation d’un continent africain intégré.
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