Achraf Ayadi appelle à remplacer le dinar actuel par un "nouveau dinar"

L'économiste Achraf Ayadi, contacté par ExpressFm ce matin, est revenu sur la politique de la Banque Centrale de Tunisie, dressant un tableau somme toute positif tenant compte du contexte difficile, vu que l'institution a à son actif quelques bonnes performances. Il a aussi évoqué la situation du dinar tunisien, en baisse de 11% depuis le début de l’année par rapport à l’euro. Aayadi a rappelé que la BCT a réussi à préserver la stabilité du secteur bancaire et à le protéger d'une éventuelle crise, et à impulser des réformes importantes au niveau des banques publiques, notamment en matière de gouvernance, la BCT a également réussi plusieurs sorties sur les marchés internationaux pour renflouer les réserves en devises ce qui a permis de maintenir un niveau relativement bon, les derniers chiffres situent les avoirs nets en devises à 118 jours d’importations.

L’expert souligne toutefois le coût élevé de ces « réussites », et qui se reflète d’abord dans le recours systématiques aux injections de liquidités directement par la BCT pour maintenir la stabilité du système bancaire, avec un volume de refinancement qui atteint 8 milliards de dinars sur le seul mois de juin à titre d’exemple, note l’expert, sans quoi les banques tunisiennes n’auraient pas été en mesure de fonctionner normalement, a-t-il ajouté.

Le deuxième élément concerne le recours aux marchés internationaux, qui a certes réussi mais a aussi engendré une forte détérioration de la balance des paiements, d’autant plus que les revenues des exportations ont baissé face aux coûts des importations. Ayadi a ainsi rappelé qu’au cours du premier semestre, les explorations tunisiennes ont baissé de 12% générant des revenus permettant tout juste de couvrir 39% des sorties de devises au titre des importations de biens , la différence a naturellement due être financée par plus d’endettement en devises, le tout impacte négativement le dinar tunisien et génère de l’inflation importée.

M. Ayadi a ensuite souligné les priorités actuelles, tout d'abord la lutte contre le terrorisme, notamment en asséchant ses ressources dont une partie importante provient de l'économie parallèle. Il faut également criminaliser la corruption et donner l’exemple en appliquant drastiquement la loi sur deux ou trois cas révélés et les exposer publiquement et à grande échelle. Ayadi a dans ce cadre appeler à adopter un nouveau dinar en remplacement du dinar en circulation, pour obliger les détenteurs de cash actuellement hors de contrôle à se manifester et a déclarer leurs avoirs dans le circuit officiel à travers les banques.
 

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