« Où va la Tunisie ? » : Les pronostics sombres du Pr. Hechmi Alaya.

Les nouvelles données conjoncturelles publiées cette semaine, sont à elles seules suffisantes pour tirer de leur torpeur le citoyen apathique, le responsable louvoyeur et désinvolte et autres pharisiens dont la Tunisie s’est considérablement enrichie depuis janvier 2011.


La Tunisie n’investit pas assez et ses entreprises ne finissent pas de temporiser pour renouveler leurs équipements. C’est ce qui ressort nettement à la lecture des données statistiques du mois d’août, que vient de publier l’Agence de Promotion de l’Industrie & de l’Innovation (APII). Or, Une entreprise qui n'investit pas assez, disparaît au bout de quelques années. Il en va de même pour le pays sauf qu’au lieu de « disparaître », un pays qui n’investit pas assez, sombre dans la misère et le chômage. C’est, sans exagération aucune, le chemin qu’emprunte actuellement la Tunisie. Jamais les entreprises tunisiennes n’ont aussi peu investi et les promoteurs nouveaux aussi peu nombreux. Les entreprises exportatrices lèvent le pied et les étrangers fuient le site Tunisie comme on fuirait un malade atteint d’une maladie contagieuse.


L’Etat n’investit pas, il dépense. L’équation budgétaire du gouvernement se complique et s’aggrave de mois en mois. C’est ce qui ressort du rapport d’exécution du budget de l’Etat que vient de publier le Ministère des finances, au terme des sept premiers mois de l’année : les recettes fiscales rentrent mal, les dépenses improductives continuent de galoper à un rythme effréné et le déficit de l’Etat se creuse. L’appareil de l’Etat ne cesse de prendre du poids et ses maigres ressources propres sont de plus en plus détournées de l’investissement créateur de richesses et réducteur des inégalités régionales, vers les dépenses improductives (fonctionnaires de plus en plus nombreux, prix des produits de consommation artificiellement bloqués à des niveaux bas, etc.) : le coût financier de la machine administrative a enflé de +58% entre juillet 2010 et juillet 2013.

La dette publique se déchaîne. C’est ce que révèlent les statistiques du Ministère des finances publiées cette semaine. Le stock de la dette publique augmente désormais au rythme annuel de 14% (22,4% pour la dette intérieure) ; il pesait 41,5% du PIB en début d’année, il friserait les 50% à la fin de l’année.

La Tunisie au bord de l’implosion économique. Pendant que l’investissement s’effondre, la dépense publique continue de dériver et le déficit public de nous menacer, l’absence d’une gouvernance politique capable de dire la vérité aux Tunisiens et de revisiter de fond en comble ses choix de politique économique est une source d’inquiétude croissante dans notre pays. La Tunisie est aux abois et toute solution pour sortir de la nasse consiste en premier lieu, à doter le pays d’une nouvelle équipe pour gérer ses affaires publiques. Des hommes et des femmes compétents certes, mais avant tout politiques. Des hommes et des femmes d’Etat pour restaurer l’Etat.


Pr.Hechmi Alaya, TEMA du 22 septembre 2013.

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