L’ONU publie un rapport sur l'impact de la crise COVID-19 sur les économies d’Afrique du Nord

La Commission économique pour l'Afrique (CEA), relevant des Nations Unies, a publié un rapport sur l'impact de la crise sanitaire liée à la pandémie de COVID-19 sur les économies des pays du nord du continent, et les réponses possibles pour  limiter son ampleur.

Selon la CEA, le Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies, l'économie mondiale connaitra une contraction de 3,2% en 2020, avec une reprise timide en 2021. L'activité économique au niveau mondiale est à son plus bas niveau depuis la deuxième guerre mondiale. Globalement, les mesures de confinement ont touché 2,7 milliards de travailleurs, soit 81% de la workforce mondiale, selon les estimations de l'Organisation internationale du travail publiées en avril. L'OIT tablait également sur une baisse de 6,7% des heures de travail au niveau mondial durant le deuxième trimestre de cette année, ce qui représente une perte de 195 million de travailleurs à plein temps.  

Dans un tel contexte, les pays d'Afrique du nord ont vu leur activité économique durement touchées par les mesures de confinement qui ont affecté  aussi bien l'offre que la demande, ceci conjugué à une forte chute des exportations due à une demande mondiale en forte baisse. Le Maroc et la Tunisie ont subit la forte contraction de la demande européenne et du secteur touristique, l'Algérie a été confrontée à une baisse de 50% du prix du baril de pétrole, souligne le rapport. Les hydrocarbures représentent en effet 90% des exportations du pays, et 34% des revenus de l'Etat. La région pourrait ainsi enregistrer un repli de 1,8% de son PIB en 2020, soit une perte de 5,4 points par rapport aux prévisions antérieures de l'ONU, avec la perte de 5 millions d'emploi à temps plein.

La reprise est attendue pour 2021, selon les analystes de la commission, sous peu que la pandémie soit contenue. Cette reprise restera conditionnée par les mesures implémentées par les gouvernements respectifs. Les pays à forte dépendance au tourisme et activité annexes pourraient voir leur relance économique retardée par les mesures anti COVID-19. Le tourisme a contribué à hauteur de 15,9% au PIB de la Tunisie, 19% au Maroc et 11,8% en Egypte en 2018.

La crise pourrait également compromettre les efforts des pays de la région dans le cadre de l’objectif de développement durable (ODD), avec une accentuation de la pauvreté et des disparités, souligne le document. Au Maroc, à titre d'exemple, les mesures de confinement ont contraint 57% des entreprises à réduire voire arrêter leurs activités, avec 726 mille emplois perdus depuis le début de la pandémie. 

Sur un autre plan, le rapport avertis des risques au niveau de la sécurité alimentaire des pays de la région, vue les restrictions qui touchent les importations. Le cas du Soudan parait le plus inquiétant avec des réserves alimentaires couvrant seulement un mois d'exportations. L'Algérie et la Lybie présentent les niveaux de vulnérabilité les plus faibles, avec des réserves respectives représentant 19 et 70 mois. Restreintes aux importations de blé, les pays présentant les risques les plus élevé au niveau du Maghreb sont la Mauritanie et la Tunisie, avec des réserves de 3,3 et 3 mois. Les deux pays affichent le ratio qui mesure la dépendance envers les exportations de blé les plus élevés, selon l'ONU, soit 87,1 et 59,7%. 

Autre risque majeur, celui qui pèse sur les systèmes de santé, avec une densité de travailleurs inférieure aux recommandations de l'OMS, au Maroc et en Egypte. Globalement, les pays de la région ne sont pas équipés pour faire face à une expansion rapide de la pandémie. Les pays d'Afrique du Nord, disposent en moyenne de 1,78% lits pour 1000 habitants, contre 5,98 lits en France à titre de comparaison.

 En Tunisie, le confinement décrété le 22 mars, pourrait engendrer une récession entre 2,9 et plus de 5%, et un déficit budgétaire allant jusqu'à 5,3% du PIB. Le déficit de la balance courante pourrait quant à lui atteindre les 7,9% du PIB. La pandémie de COVID-19 a durement touché le secteur du tourisme, qui représente 9,4% des emplois. Les recettes touristiques pourraient reculer de 40 à 60% selon le rapport, ce qui engendrerait une baisse de 13 à 29% des réserves en devises en 2020.

Pour affronter la crise, les pays ont pris des dispositions relativement similaires, le but étant de soutenir les entreprises pour une rapide reprise de leur activité, en particulier pour ce qui est des besoins en liquidité et les compensations des pertes d'emploi par le temps partiel. Sur le plan social, les gouvernements ont pratiquement tous entrepris de soutenir les classes les plus vulnérables par des aides sociales. Toutefois, l'ampleur du choc économique pourrait toucher profondément une grande proportion de ménages dans certains pays.

A ce titre, le rapport cite, parmi les mesures décidées en Tunisie, le lancement du fonds d'urgence de 100 MD, pour les aides sociales, et un autre de 100 MD pour les travailleurs ayant perdu leurs emplois, particulièrement dans le tourisme, le transport maritime et aérien, l'artisanat, ainsi que les PME.

A cela s'ajoute le report de trois mois des paiements d'annuités de crédits, le report sur les échanges des microcrédits de six mois, le rabaissement des taux d'intérêt sur certains prêts bancaires destinés aussi bien aux particuliers qu'aux PME.

La CEA conclu son rapport par une série de recommandations, pour soutenir les secteurs publics et privés, et les remettre sur une nouvelle trajectoire, et booster la diversification des économies de la région, en plus des actions pour renforcer les systèmes de santé.

Les mesures fiscales devront s'orienter vers le renforcement de la protection sociale et en étendre la couverture. L'organisation préconise également des actions de nature à soutenir le marché du travail, allant jusqu'au soutien aux travailleurs dans l'informel pour leur offrir de meilleures conditions de travail. Les pays devront également travailler pour offrir un meilleur accès aux banques digitales pour les plus démunis...Les grandes entreprises pourrait contribuer en incluant de plus en plus de PME dans leur chaine de valeur..            

      

  

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