Attijariwafa renforce sa capacité de croissance externe grace à l’émission obligataire subordonnée.[Suite]

L’émission obligataire subordonnée émise par Attijariwafa
bank, de 2 milliards de dirhams, a été sursouscrite 1,33 fois.

C’est donc 2,663 milliards de dirhams que la banque pouvait
ramasser. En conséquence, le taux de satisfaction global s’est établi à 75,1%.

L’émission en question portait sur deux tranches, d’un
milliard chacune. La première, A, cotée, devait se conformer à la réglementation
et aux ratios prudentiels des compagnies d’assurances et caisses de retraites.
La seconde, B, non cotée, s’adressait plutôt aux OPCV qui sont aujourd’hui une
nouvelle catégorie d’institutionnels à ne pas négliger compte tenus des
milliards qu’ils collectent et qui vont librement vers le non coté. Les OPCVM
participent de plus en plus aux émissions privées pour améliorer le rendement
des fonds obligataires traditionnellement investis dans les émissions du Trésor.

C’est ainsi que la première tranche cotée a été
sursouscrite 1.57 fois, soit un taux de satisfaction de 63.2%, alors que la
seconde non cotée B, l’a été 1.09 fois seulement, soit un taux de satisfaction
de 91.7%. Au final, les différents souscripteurs sont les établissements de
crédits pour 126,5 MDH en emprunt A et 183,5 MDH en emprunt B, les OPCVM, 82,1
et 816,5 MDH respectivement dans les deux tranches, les assurances et caisses de
retraite 741,5 Mdh en emprunt coté uniquement, comme pour la CDG qui a pris 50
MDH.

Le pourquoi d’un emprunt

Attijariwafa bank, en s’engageant dans une croissance
externe au Maghreb et en Afrique, se devait de se conformer à d’autres règles
prudentielles, (imposées par Bank Al-Maghrib), que le ratio de division du
risque qui limite à 10 % par rapport à un client et 20% par rapport à un groupe,
l’engagement d’un établissement de crédit.

En effet, ces règles lui permettront d’acquérir, avec la
bénédiction de BAM, d’autres établissements de crédits sans que sa capacité
d’engagement ne soit altérée. La dette subordonnée est donc l’un des outils qui
permettent de conforter les fonds propres de la banque par des fonds propres
complémentaires.

Les fonds propres réglementaires sont différents des fonds
propres comptables d’une banque. Les premiers s’obtiennent en soustrayant des
seconds les participations dans les établissements de crédit et en leur ajoutant
les fonds propres complémentaires parmi lesquels figurent les dettes
subordonnées. C’est sur la base de ces fonds propres réglementaires que se
calculent les différents ratios auxquels les banques doivent se conformer.

Par définition, les dettes subordonnées, émises sur 5 ans,
sont admises comme fonds propres complémentaires à des conditions imposées par
la Banque Centrale et notamment celles de subordonner leur remboursement à son
appréciation de la santé financière de l’Établissement de crédits. Elle peut
donc, si besoin est à un moment donné, demander le non-remboursement en
principal ou en intérêt de ces dettes. Ainsi, le remboursement de l’émission
obligataire est tout simplement subordonné à l’accord de BAM. En contrepartie,
cette dette est acceptée en fonds propres réglementaires parce que pendant 5 ans
ou plus, elle renforcera la solidité financière de la banque émettrice.

Par ailleurs, pour le management de la banque comme pour
ses actionnaires, la dette subordonnée a également pour avantage de diminuer le
coût moyen des fonds propres engagés. Actuellement, AWB dispose (au 30 juin
2006) d’un montant total de capitaux propres de 12033,28 Mdh. Sa dette
subordonnée totale est de 2206,932 Mdh.

Le ROE d’Attijariwafa Bank de 20% traduit un coût élevé de
ses capitaux propres et la dette en question, avec un taux d’intérêt situé entre
3 % et 4%, coûte beaucoup moins et diminue de fait le coût de l’ensemble des
capitaux propres réglementaires.

Ainsi, Attijariwafa Bank se trouve armée d’une capacité
d’intervention plus importante pour réaliser tout particulièrement sa croissance
externe. Après avoir acquis le contrôle d’une banque en Tunisie en participant à
une augmentation de capital de cette filiale tunisienne, d’un montant de 50
millions de dinars, par une participation de plus de 25 millions de dinars, elle
est en cours d’acquisition de la BST au Sénégal et vient de déposer une demande
d’agrément pour la création d’une banque en Algérie. Ce nouveau moyen de
financement qu’est la dette subordonnée, avalisé par une Assemblée Générale
Extraordinaire, ne doit pas excéder, selon les critères qui ont cours dans le
système bancaire international, le tiers des fonds propres réglementaires. C’est
dire qu’AWB, dont le ratio est de 18% seulement, a encore de la marge pour
étendre sa surface financière et réaliser sa croissance externe eu égard aux
opportunités qui peuvent se présenter.

A.D

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