STIP : Compte rendu de la communication financière du 15 juin 2011: Poursuite du cycle de redressement de l’exploitation entamée en 2007 malgré la stagnation du programme d’assainissement financier

Date: 14/01/2019Unité monétaire: TND
Valeur nominale3Nbre d'actions4 207 823
Dernier cours1.450PER (sur 1 année) / marchén.dx/10,76x
Var. der. clôture %0BPA (sur 1 année)-4.59
Bidn.dDer. dividende0
Askn.dDate Distribution
Cap. Boursière6 101 343Var. sur 1 an1.450->1.450
MM(20)-MM(50)1,450-1,450Rdt ajusté depuis le 31/12/2023nc
Echg. quot. moyen (sur une année)0Advance/Decline (sur une année)0 hausses / 0 baisses

L’environnement mondial a connu la disparition de certains producteurs et le regroupement d’autres, la flambée du prix de la matière première et une crise économique aigue. Ces facteurs de complication sont apaisés par l’augmentation continue du prix de vente du pneu et de l’excédent de la demande par rapport à l’offre. Sur le plan local, la Tunisie vit une situation particulière dans le secteur du pneu avec un marché parallèle dominant, qui s’est accaparé jusqu’à 65% du marché à son apogée.


Pour la STIP, l’année 2010 a connu la continuité du cycle de redressement de l’exploitation entamée en 2007 malgré la stagnation du programme d’assainissement financier. Il est à rappeler que la société a connu en 2006 une année catastrophique frôlant la faillite. Depuis, elle est maintenue sous perfusion. Le pouvoir public s’est montré assez passif au début avant de se rendre compte de la gravité de la situation pour recommander le sauvetage de la compagnie. Actuellement , beaucoup d’observateurs commencent à croire fermement aux soupçons d’implication de certains gens au pouvoir qui cherchaient à nuire aux intérêts de la société, la poussant à la faillite pour permettre à certains groupes privés proches des clans Ben Ali à prendre possession de la STIP à moindre frais. L’actuel PDG, M Dridi reprend les destinées de la société après la révolution, plébiscité par le personnel de la STIP ;


La stagnation du plan d’assainissement est du à l’abandon de ce dernier au profit du lancement d’un appel à manifestation d’intérêt. Le programme élaboré par la STIP et une banque d’affaire comporte un processus de stabilisation de la situation dans une première étape, suivie d’une étape de relance avec des axes d’intervention portant sur le passif financier datant des années 2006 et antérieures et un apport d’argent neuf sous forme d’augmentation de capital sans préjuger de la nature des investisseurs visés (institutionnels, privé/public, Bourse etc). Ce plan propose, donc, de figer la partie ancienne des dettes bancaires dans des comptes non rémunérés pour stopper le compteur des intérêts de retard et des pénalités suivi d’un processus structurel de rééchelonnement et de consolidation portant sur prés de 130 MD sur les 180 MD d’engagements bancaires en cours. Le remboursement de cette tranche reprendra à partir du 2éme semestre 2011. Le reste, soit 50 MD représentant la dette « vivante » nécessaire à l’exploitation, dont principalement le financement de stocks et des créances nées sur l’étranger, devrait être contracté et renouvelé sur des bases incitatives auprès des banques qui croiront le plus en la capacité de redressement de la société. Ainsi , et afin d’inciter les banques à financer l’exploitation de la STIP, un système de majoration est appliqué portant sur chaque échéance de remboursement du crédit d’exploitation par un coefficient croissant avec le niveau d’engagement de chaque banque. cette majoration servira à financer le remboursement de la couche du compte bloqué le moins négociable. La plupart des banques partenaires de la STIP ont confirmé leur soutien à ce plan et ont déjà commencé à accompagner le financement de l’exploitation d’une façon ferme et à des niveaux de plus en plus adéquats depuis 2009, chose qui s’est reflétée dans le redressement des indicateurs d’exploitation. La problématique de consolidation de l’ancien encours (Principal+intérêts+intérêts de retard+pénalité) est encore au stade des négociations sans qu’il y ait de grandes avancées, ce qui demeure un point handicapant pour la société. De leur côté, les banques exigent la présence d’un apporteur de Fonds Propres pour négocier cette composante essentielle du programme de restructuration, alors que la STIP y voit une condition préalable pour inciter tout investisseur à prendre part à ce programme. Les points de divergences devraient se résorber pour le bien de l’économie tunisienne qui ne peut se passer d’un acquis technologique comme la STIP, affirme M Dridi.

Les coûts d’achat continuent de peser sur la marge brute avec la flambée des prix de la matière première. Il faut savoir qu’un pneu moyen consomme prés de 150 à 200 intrants de diverses natures ;


Le résultat net est resté négatif en 2010, -15 MD, il aurait pu être meilleur sans le risque légal provisionné à hauteur de 2,8 MD suite à l’exécution devenue très probable d’un jugement ancien en faveur d’un client contre la STIP qui a été longtemps gelée.


En amont de ses frais financiers, la société a cherché à accroitre son RBE sur des bases solides. Les résultats opérationnels de 2010 ont été ponctués d’une meilleure maitrise du risque client, un effort de nettoyage des comptes et en somme une politique de provisionnement plus rigoureuse. Ce sont là le socle fondamental pour tout assainissement financier effectif, et ce afin de rentrer de plain pied dans un cycle de rentabilité et de prospérité. Toutefois, le Top départ de ce cycle reste la grande question qui ne trouve de réponse. L’avis que la plus part des observateurs économiques partagent est que l’état actuel de l’économie tunisienne en général et de l’entreprise en particulier ne supporte plus que les choses trainent encore, d’où la nécessité de voir la période transitoire que vit la Tunisie se raccourcir au plus vite.

La société a trainé le fardeau de la mauvaise gestion publique en matière de commerce parallèle. Ce fléau a fait subir à la STIP, la perte de plus de 40% de sa part de marché locale, passant de 65% à 26%. Le marché parallèle des pneus représente en Tunisie plus de 60% contrairement à des pays concurrents où il ne représentait que 10 à 20% au pire des cas, et cela même pour des pays connus pour une corruption galopante. Cette situation s’est empirée à cause de la voracité des contrebandiers protégés par les familles proches de Ben Ali comme dans les autres secteurs informels, mettant en péril une entreprise publique fleuron de l’industrie tunisienne, dont les produits sont reconnus et recherchés par les clients irakiens, jordaniens, marocains et saoudiens. Les pneus STIP, toutes gammes confondues, allant de l’usage pour particuliers au Poids lourds, répondent aux mêmes standards que les pneus européens et américains. La marque AMINE a ainsi gagné l’estime et la confiance de ses clients sur le plan local, maghrébin et au Moyen Orient. Le savoir faire technologique et l’expertise du personnel de la STIP lui permettent même de produire et réussir des dimensions mieux que le fournisseur étranger de son outil de production, à savoir PIRELLI. Par ailleurs, la STIP n’a plus d’impayés clients grâce aux efforts de son équipe commerciale et au maintien d’un label qualité de haut de gamme, malgré ses difficultés financières. La même équipe commerciale a subi des pressions par certaines personnes affiliées aux familles mafieuses, dont la femme d’un ancien secrétaire d’Etat, rôdant autour de l’activité export de la STIP qui générait un Chiffre d’Affaires conséquent permettant la survie de la société. Ces chasseurs de commissions sans scrupules sont allés jusqu’à envoyer des agents administratifs pour contrôler l’activité commerciale export de la STIP, usant de leur réseau d’influence. Toutes ces histoires rapportées montraient à quel point les entreprises publiques en bonne santé étaient sujettes à convoitises. D’autres comme la Cimenterie de Bizerte ont été, aux dires de leurs managers, empêchées de finaliser leurs projets pourtant plus que vitaux pour survivre et ce afin de permettre la création d’autres cimenteries détenues par des groupes proches de la famille du président déchu ; A propos de l’activité export de la STIP, le management confirme qu’il serait préférable que la société la rééquilibre en faveur du marché local connu pour ses marges plus fortes. Une répartition 40% local 60% export devrait assurer une bonne rentabilité à la société. La survie commerciale de la société sur son marché local passe par une meilleure réorganisation de la filière avec la reconquête d’une partie non négligeable de la part de marché perdue en faveur du marché parallèle. Le taux d’occupation de la capacité des unités de la STIP s’élevé à 68% pour 16,000 Tonnes.

La société subit des coûts de sous activité en raison de l’ampleur de ses charges fixes. Elle reste toujours contrainte à vendre plus, d’où la nécessite de récupération de sa part de marché sur le local. Sur le marché maghrébin, La Libye constitue un marché à fort potentiel en raison de sa proximité malgré la dominante informelle. Une réorganisation de la distribution à l’image de celle qui a été faite au Maroc devrait permettre à la société d’asseoir sa présence.


En conclusion, l’avenir de la société est tributaire de l’accompagnement de ses banques qui sont réellement les vrais propriétaires de la société. Ces banques détiennent une option sur les Fond Propres de la STIP exerçables à court terme à hauteur de leurs engagements respectifs qui ne leur rapportent que peu de choses en cas de liquidation de l’actif de la société, et une autre option exerçable à long terme sur les cash flows futurs de la société qui apparaît plus intéressante si ces banques accompagnent le redressement de la situation, en lui adjoignant les bonnes options de conversion. Pour conclure, le mot de la fin était clair et sans détour : Au retour de la cotation, il n’y a pas de vraies raisons pour que le marché spécule sur le titre, averti M Dridi.

Société : 
© Copyright Tustex