Tunisie : Des réformes profondes de la gestion portuaire s’imposent pour profiter des opportunités qu’offre la crise sanitaire

Un webinaire organisé le 15 mai, a traité la question des opportunités que pourrait représenter la crise COVID-19 pour la Tunisie, étant donné les avantages dont jouit le pays, avantages toutefois affaiblis par la faiblesse de la performance logistique du pays, et dont l'illustration la plus importante, est la gestion du port de Rades.

Cette problématique pourrait, selon la Banque Mondiale, freiner le pays dans son repositionnement offert par la réorganisation des chaînes de valeurs internationale, dans une économie mondiale fragilisée par la crise sanitaire. Les défaillances de la gestion portuaire, le port de Rades en particulier, représentant à lui seul plus de 80% du trafic de conteneurs, sont de nature à priver le pays de son maillon le plus important, dans sa quête d'intégration dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.  

Les données étudiées par la Banque Mondiale montre l'étendue du problème, avec des délais d'attente de 18 jours en moyenne, bien plus élevés qu'il y a 10 ans (10-12 jours), ou en comparaison avec d'autres pays de la région comme le Maroc (6-7 jours). Ces indicateurs sont en plus aggravés par l'inefficacité des différents intervenants, douanes, TTN, STAM, OMMP et les banques entre autres, et dont le coût pèse sur l'économie.

Selon les calculs présentés lors du webinaire, une réduction de 10 jours des délais d'attente représenterait une diminution d'au moins 500 millions de dollars des prix à l'importation. Coté export, la réduction d'une journée des délais de dédouanement reviendrait à une hausse de 400 millions de dollars de revenus.

Autre facteur aggravant, le délai moyen d'attente des navires en rade, qui a atteint 13 jours en 2018, sous la responsabilité de la STAM. Le rapport de MarineTraffic AIS ship tracking évoque par exemple, 9 à 10 bateaux en attente dans la seule journée du 22 mai 2020.

Dans un tel contexte, des réformes structurelles s'imposent, notamment l’investissement dans des équipements et des solutions techniques modernes est une condition, nécessaire mais insuffisante. Il faudra en parallèle engager une revue du modèle organisationnel global favorisant la spécialisation et la séparation des flux entre les rouliers et les conteneurs, l’impact ne sera pas à la hauteur du potentiel et des attentes des investisseurs.

Une inclusion du PPP est également recommandée, en l'occurrence pour la mise en place d'un modèle de gestion qui bénéficierait tant au gouvernement, par une gestion plus efficace des ressources basée sur la performance, qu’au secteur privé et à l’économie tunisienne en général.  

Les intervenants ont par ailleurs déploré la quasi-absence de coordination entre les parties prenantes, d'où la nécessité d'un pilotage de haut niveau.

Des efforts de digitalisation s'avèrent également nécessaires, pour atteindre le processus « zéro papier et zéro contact », et dépasser le stade du guichet unique installé depuis 20 ans, à savoir la plateforme TradeNet.

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