Accès de la PME au financement en Tunisie : la CONECT propose ses 29 recommandations

La Confédération des entreprises citoyennes (CONECT) a élaboré récemment une étude autour de la problématique et la complexité de l’accès au financement de la MPE en Tunisie. La finalité de cette étude consiste à concevoir une série d’amendements à la législation en vigueur ou encore à mettre en place des outils financiers mieux à même de répondre aux besoins de la PME. Lors de cette étude, plusieurs axes de financement ont été examinés, il s’agit notamment du : financement de la restructuration financière, financement de l’immatériel, financement du développement de l’export, et financement de l’internationalisation de l’entreprise sur les marchés africains en l’occurrence.

Dans ce contexte, la CONECT envisage d’entreprendre des actions pour promouvoir le fonds d’investissement et de SICAR spécialisés dont l’objectif est de fournir des financements sur mesure à l’adresse des PME. Différentes formes sont prévues pour la mise en place de ces SICARS, à savoir : une SICAR ou fond d’investissement dédié à la restructuration financière de la PME, et une SICAR Capital ou fond spécialisé dans la transmission d’entreprise.

Sur le plan des résultats, l’étude de la CONECT établie sur un échantillon de 554 PME sur les 24 gouvernorats, a fait ressortir deux niveaux de chiffres. D’abord au niveau du climat des affaires, affecté par plusieurs facteurs entravant le développement des PME. Il s’agit de : 45,8% pour l’insécurité, 44,9% pour la corruption, 30,7% pour le cadre macroéconomique et réglementaire, 28,9% pour les procédures administratives et judiciaires, 26% pour l’environnement fiscal, 24,5% pour les conditions d’accès au financement, 22,9% pour les défauts d’infrastructure, 22,9% pour la disponibilité des ressources humaines et 16,8% pour les pratiques de marché. Ensuite, au niveau des freins au financement, il se profile que la contrainte de l’insuffisance des garanties bancaires représente 68,8%  de la totalité des freins cités par des PME interrogées. Un obstacle plus prononcé encore au niveau du secteur des TIC avec 83,4%, qu’au niveau de celui des services avec 69,8%, ou de l’industrie avec 68,2%.

Par ailleurs, le secteur bancaire ainsi que le leasing représentent une part de 92% du total des organismes de financement des entreprises de manière générale, alors que le marché financier ne représente que 8%. Quant aux concours bancaires que les PME reçoivent particulièrement, ils ne dépassent pas le seuil timide des 15% avec des perceptions à hauteur de 90,6% de coûts élevés des crédits et de 83,4% d’une faible souplesse de la part des banques pour mobiliser des fonds. Toutefois, et en dépit de cette configuration, pas moins de 52,5% des PME interrogées lors de cette étude refusent de croître leur capital par le biais de nouveaux actionnaires.

Mise à part des crédits classiques, les PME se tournent également à l’autofinancement à hauteur de 13,9% et sollicitent beaucoup moins d’autres outils tels que les SICARs à hauteur de 3,6%. 8,1% seulement des PME ont essayé de recourir à la BFPME et 7,6% à la BTS. S’agissant de l’accès au financement des entreprises off-shore ou à l’exportation, les taux restent faibles avec respectivement 1,8% et 2,9% des PME interrogées. L’absence d’appui à l’internationalisation des PME ressort comme le principal problème structurel. 
En ce qui concerne le niveau réglementaire, une belle frange des PME, soit 54,3% mettent l’accent sur la faible pertinence opérationnelle de la circulaire de la CT au N°87-47 relative à la réglementation des crédits bancaires, tandis que 61,8% des PME attirent l’attention sur l’aspect contraignant de la législation actuelle des activités des SICARs par rapport à leurs activités de financement.

Une batterie de 29 recommandations à été établie par la CONECT dans le cadre de cette étude. Nous citons parmi elles :
- Renforcer les mécanismes de garanties financières à l’instar de la SOTUGAR et envisager d’étendre ces mécanismes aux assurances privées en vue d’instaurer l’assurance insolvabilité.
- Relever éventuellement le taux de dédommagement des banques et des SICARS en cas de sinistre tout en identifiant de nouveaux mécanismes financiers pour renflouer les ressources de la SOTUGAR.
- Création d’un fonds d’investissement dédié à la restructuration financière afin de renflouer le fonds de roulement des PME.
- Inviter les bailleurs de fonds et les partenaires financiers de la Tunisie à opérer des prises de risque directes avec les PME.
- Instaurer au niveau des banques des systèmes performants de notation des PME pour mieux évaluer les risques.


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