A Tunis, comme dans toutes les places boursières du monde, l’année 2008 a rendu son bilan, une année marquée avant tout par la crise financière. Les arbitrages de fin d’année sont restés dominés par la prudence face au f

A Tunis, comme dans toutes les places boursières du monde, l’année 2008 a rendu son bilan, une année marquée avant tout par la crise financière. Les arbitrages de fin d’année sont restés dominés par la prudence face au flou qui entoure le contexte local et international. Nouvelles introductions, mégaprojets, etc… Retour sur les gros titres d'une année qui marquera sans doute un point d’inflexion important dans la vie économique et financière.

Après 1929, la planète finance retiendra l’année 2008 comme une nouvelle référence. L’année 2009 s’annonce incertaine, et le consensus sur les conséquences économiques de la crise est difficile alors que les plus grandes économies du monde déplorent leur entrée en récession. Débutée en août 2007, la crise des subprimes a entrainé un grand nombre d’établissements vers le naufrage, à commencer par Bear Stearns en mars, la plus petite des banques d’affaires de Wall street, rachetée de justesse par JP Morgan Chase. Venait ensuite le tour de Freddie Mac et Fannie Mae, les deux établissements géants du refinancement hypothécaire, sauvés au prix de milliards de dollars, et passés sous la coupe de l’Etat américain. La mise en faillite de Lehman Brothers en septembre, abandonnée pour l’exemple, a sonné le début d’une crise de confiance sur le marché interbancaire. S’en suit un assèchement du crédit qui a dévasté tous les secteurs, celui de l’automobile en particulier. Les grands pays industrialisés se retrouvent confrontés à la récession. Hormis la France , tous les pays de l’OCDE ont constaté une croissance négative sur les deux derniers trimestres. En riposte, les autorités se sont lancées dans un défilé de plans anticrise, à coup d’injections de milliards de dollars et de baisse des taux.

A cela s’ajoutent les bourdes commises par la fine fleure de la communauté financière. Le scandale Kerviel éclatait au grand jour le 24 janvier, suivi d’une nouvelle affaire en France, celle de la Caisse d’Epargne. Puis la fraude colossale de 50 milliards de dollars attribuée au gestionnaire de fonds Bernard Madoff, ancien patron du Nasdaq et enfin, une autre fraude pyramidale mise à jour fin décembre, l’affaire Theodule, avec quelque 23 millions de dollars recueillis auprès de plusieurs milliers d'investisseurs d'origine haïtienne à travers le pays.

Entre temps, la chute des marchés actions a détourné une grande partie de s f onds sur les marchés des matières premières, et surtout pétroliers. Le prix du baril se voit propulsé le 11 juillet vers un sommet historique à 147,5 dollars, avant qu’une chute vertigineuse ne place les cours à leurs niveaux de juillet 2004, sous le coup des inquiétudes sur la conjoncture.

Sur un plan national, la Tunisie sortait d'une bonne année 2007, avec un PIB en croissance de 6% ; L’année 2008 s'annonçait prometteuse au vu des dispositions du XIème plan de développement, et des projections qui tablaient sur une croissance de 6,1% du PIB. L’actualité Tunisienne est surtout marquée par la signature des conventions pour la réalisation des mégaprojets, principalement autour de la capitale. L ’apport du secteur immobilier portait déjà les IDE en Tunisie au montant record de 2 milliards de dinars en 2007 contre 921 millions en 2006. L’apport des IDE dans le produit Intérieur Brut atteignait ainsi 22,7% et les autorités projettent de le porter à 26% d’ici 2016. Pour cet exercice, le montant des IDE atteint les 2,385 milliards de dinars contre 1,5 milliards de dinars prévus par le XIème plan. Les mégaprojets annoncés en 2008 totaliseront une enveloppe de 68 milliards de dinars, et s’étaleront sur une vingtaine d’années. Comme partout dans le monde, les autorités ont dû couper dans leurs prévisions d’avant crise suite à la détérioration de la conjoncture internationale. Le taux de croissance est désormais estimé à 5,1% en 2008, soit un point de pourcentage retranché. Malgré une nette contraction des économies des principaux partenaires de la Tunisie , on enregistre à la fin de l’année 2008 une progression des exportations de biens de 24% contre 22,3% pour les importations. Le déficit commercial va atteindre 11,5 % du PIB et le taux de couverture 80,5%.

Fin décembre, un décret est venu apporter un soutien aux entreprises touchées par la crise devant la perte de vitesse que celle si a engendrée. Rappelons que les prévisions pour 2009 ont dû être révisées à la baisse, avec un taux de croissance ramené à 5% tel que figurant dans le document relatif au budget 2009. Les mesures de soutien vont d’une importante prise en charge des cotisations patronales, aux facilités de financement avec 25 MD mis à la disposition de la Compagnie Tunisienne pour l'Assurance du Commerce Extérieur (COTUNACE) et en passant par la prise en charge de deux points du taux d'intérêt des crédits résultant des opérations de réaménagement au profit des entreprises exportatrices ayant subi un retard dans le recouvrement, etc…

Sur la cote de Tunis, l’année boursière se scinde en deux. Le 8 premiers mois ont débouché sur une prouesse pour le marché tunisien, avec un TUNINDEX pointant à +30,76% d’avance au plus haut de sa courbe, à 3418,13 points le 9 septembre 2008, porté par des rendements à trois chiffres pour plusieurs titres (
STAR
,
ASSAD
,
ADWYA
,). A la mi septembre, les marchés boursiers mondiaux étaient déjà mal en point souffrant de mauvais pressentiments alors que la conjoncture envoyait des signaux de plus en plus alarmants. Le marché tunisien s’est alors mis sur les traces des indices occidentaux dévalant à toute vitesse pour ne plus compter que 10,65% au 31 décembre, malgré une véritable campagne de communication s f inancières pour tenter de ramener la sérénité sur le marché. Cette chute brutale a débuté par la sortie en masse de fonds étrangers puis par une forte vague de dégagements qui a enfoncé les cours tous secteurs confondus. Le 24 octobre, l’Etat annonçait la première mesure pour parader à cet écroulement, en lançant deux méga fonds de 50 MD chacun, à participation majoritairement publique.

Parallèlement, dans sa quête d’un statut de super bourse régionale rêvé et annoncé depuis des années, la bourse de Tunis n’a pa s f ait beaucoup de chemin, avec seulement deux nouvelles arrivées sur le marché primaire en 2008, contre les retraits de EL MAZRAA et Karthago. En avril, la bourse de Tunis accueillait la plus grande introduction de la dernière décennie avec l’admission de ARTES qui diffusait dans le public 30,18% de son capital avec une capitalisation boursière de 263,4 MD. En août, le concessionnaire de Renault et de Nissan en Tunisie est détrôné par l’introduction de 10% de la holding du plus grand groupe privé Tunisien, Poulina Holding Group (PGH). L’opération a suscité un engouement certain, avec une offre souscrite 17,45 fois ramenant 760,591 millions de DT de souscriptions, soit un record absolu dans les annales des introductions en bourse en Tunisie. Sur le plan des volumes, le rallongement des séances de bourse à 5 heures a fait que la moyenne journalière dépasse largement celle de 2007, autour de 8,573MD.

Parmi les événements de l’année, la privatisation partielle de la
STAR
s’est dénouée le 16 octobre avec l’entrée à hauteur de 35% de Groupama, 3ème assureur généraliste sur le marché français, dans le capital de la compagnie. En lice à l’ouverture des offres, on comptait deux enseignes tunisiennes, COMAR et CARTE à côté de Trust International Group (Moyen Orient avec siège à Chypre), Gulf Insurance Company (filiale de KIPCO, Koweit), RMA Watanya (filiale de la BMCE (groupe Ben Jelloun, Maroc). L’opération a été un succès puisque l’assureur français a déboursé 132 MD, soit 163,428 DT par action, plus de 16 fois le nominal.

Le marché a également eu droit à son feuilleton à savoir la cession du bloc majoritaire de 65,71% du capital de la
SOTUVER
des héritiers Chahed. D’abord proche du français Saint Gobain, puis le marocain SEVAM, ensuite le gel de la cession suite au recours en justice du premier. En fin de compte, c’est le groupe Bayahi, à travers sa filiale, la Compagnie Financière d’Investissement (CFI), qui se verra accorder l’autorisation du tribunal, le 28 octobre, pour le rachat du bloc de contrôle de la société mettant un terme à cette valse qui a lassé bon nombre d’observateurs.

L’année des mauvais superlatifs n’a pas non plus manqué de satisfactions. Au palmarès des meilleurs rendements, la palme revient à
STAR
, avec + 166,09% depuis le 31 décembre 2007, à 91,800 DT, avec un plafond historique en octobre à 108,900 DT.
ASSAD
, malgré une fin d’année difficile sous la pression d’une mauvaise passe pour le secteur automobile a bouclé l’année sur un gain de 125,53% à 9,330 DT.
ADWYA
sort avec + 89,71% à 6,200 DT. Le titre
SOTUVER
, malgré la perturbation que lui a couté la cession houleuse du bloc de contrôle de la société, a également fait un bon parcours, gagnant 42,47% à 20,800 DT.
TPR
termine en hausse de 7,77% à 4,650 DT. Dans le bancaire,
ATTIJARI BANK
fait mieux que les autres avec le retour des bénéfices comme annoncé par le management en début d’année, et prend 87,95% à 13,720 DT. Dans le coin des mauvaises performances,
TUNISAIR
a attendu la dernière séance pour casser à la baisse son support annuel, le titre échouant à son minimum historique à 2,640 DT, en baisse de 9,74% sur l'ensemble de l'année.

Enfin, loin de la bourse, l’année 2009 marquera la rupture définitive du monopole de la téléphonie fixe, avec le lancement début décembre 2008 de l’appel d’offres international relatif à l’attribution de la troisième licence de téléphonie fixe et mobile 2G/3G. Le parc d’abonnés à la téléphonie fixe, monopolisé par l’opérateur historique Tunisie Télécom, s’élève à 1,273 millions d’abonnés, selon les chiffres publiés par le ministère des Technologie de la Communication. Le segment du mobile a connu une forte croissance, passant de 7,8 millions à la fin 2007 à 8,4 millions d’abonnés en septembre 2008, ce qui représente un taux de pénétration de 80%. Dans l’ensemble, plus de 92% des 10,2 millions de Tunisiens ont un abonnement téléphonique fixe ou mobile.


© Copyright Tustex.