L’Assemblée Générale Ordinaire de la Banque de Tunisie s’est tenue le 22 juin 2011 sous la présidence du nouveau PDG, M. Habib Ben Saad, très suivie comme à son habitude et marquée par un accrochage insolite lorsqu’un in

L’Assemblée Générale Ordinaire de la Banque de Tunisie s’est tenue le 22 juin 2011 sous la présidence du nouveau PDG, M. Habib Ben Saad, très suivie comme à son habitude et marquée par un accrochage insolite lorsqu’un intervenant a témoigné de la sympathie envers l’ancien management.

Le capital de la banque est détenu à hauteur de 50% par les gros porteurs et 50% par les petits porteurs au nombre de 6000. La part des actionnaires étrangers reste stable à 21,44% dont 20% revenant au CIC (France). Les administrateurs sont maintenant au nombre de 6 : M Ben Saad en sa qualité de Président Directeur Général (la BT est parmi les rares banques de la place qui ne dispose pas de directeurs généraux adjoints) et 4 administrateurs personnes physiques : Michel Lucas, président du CIC qui assistera à nouveau aux réunions du CA de la BT après une éclipse qui a duré depuis 2008 pour une question de divergences de points de vue avec l’ancien management, Abdellatif El Fekih, Habib Kammoun et Elyes Jouini ainsi que la banque Fédérative du crédit Mutuel BFCM, représentée par M Thierry DELARUE.


Le total bilan de la BT a atteint 3 142 MDT fin 2010 contre 2616 MDT fin 2009, en croissance de 20,1%


Les dépôts clientèle et Crédit clientèle ont connu des hausses significatives de 27,9% et 23,3% à 2419 MDT ET 2610 MDT. La banque est consciente que la part des dépôts à terme qui s’éleve fin 2010 à 38% contre 30,5% pour les DAV, renchérit son coût de ressources. Certains dépôts ont été collectés à des taux prohibitifs allant jusqu’à 6% avec des conditions de rappel anticipé en faveur des clients au bout de 6 mois ; Cette option négociée par l’ancien management a, d’ailleurs, été exercée par des déposants en janvier dernier ; Par ailleurs, les dépôts longs, qui sont par nature stables, permettent de maintenir l’effort de la banque dans l’investissement. La banque essaiera de résoudre ce dilemme dans un contexte concurrentiel, caractérisé par la contraction de la liquidité et le recours massif aux appels d’offre de la BCT


La marge d’intérêt de la banque s’est élevée à 95,180 MDT contre 85,457 MDT (+11,4%) alors que le PNB s’est accru sur le même rythme (11,2%) de 132,904 MDT à 147,773 MDT. A noter l’accélération de la croissance du PNB en 2010 qui demeure l’une des années exceptionnelles de la banque sur le plan des performances, d’après M Ben Saad.


Le RBE a connu une accélération aussi remarquable +12,6% à 105,465 MDT soit doublant de rythme par rapport à 2009. Toutefois, les choses ne sont pas aussi réjouissantes dans le REX qui se trouve laminé suite à un sur-provisionnement de 19% de 82,073 MDT à 66,462 MDT et mécaniquement au niveau du RN en baisse de 66,081 MDT à 55,701 MDT (-15,7 MDT). La raison derrière cette baisse se trouve au niveau des provisions que la banque a passées pour prés de 38,760 MDT contre seulement 13,523 MDT en 2009. Prés de 27 MDT de provisions sont constatés pour couvrir la casse résultant des engagements pris dans les affaires immobilières, ainsi qu’auprès de l’opérateur de la distribution spécialisée Bricorama et La chaîne hôtelière Palace appartenant à la famille Trabelsi. N ’eut été ce provisionnement additionnel exigé par la BCT, le bénéfice net revenant aux actionnaires de la BT aurait été meilleur d’au moins 15 MDT. Pour les autres participations de la banques dans les crédits de développement ou d’exploitation de CC et Alpha Ford, il n’y a pas lieu de se soucier du risque encouru, selon M Ben saad, ne serait à ce qu’à voir le comportement boursier de CC.


La banque continue d’appliquer d’une manière prudente et stricte la technique du write-off (radiation) contrairement à beaucoup d’autres banques. Le PDG rappelle qu’à la date du 31 12 2010, la BT a fait passer par le compte pertes et profits prés de140 MDT de créances clientèle concernées par une procédure judiciaire. Elle a constaté une reprise sur un million DT recouverte grâce aux efforts de recouvrement de ses équipes.


Le taux de CDL a atteint 5,5% alors que le taux de couverture des CDL par les provisions est en amélioration à 90,94% contre 83% en 2009, le minimum exigé étant de 70%. Le ratio Cooke a accusé une légère baisse de 18,49% à 17,38%. La banque maintient des fondamentaux très solides et a pu faire face au mauvais épisode des dettes contractés auprès de certaines relations. Néanmoins, M Ben Saad affirme que tous les engagements à risque ont été couverts par des garanties qui sont inscrites en bonne et due forme en faveur de la banque ; concernant, les risques d’exposition à certaines relations, compte tenu des fonds propres actuels de la banque, et ce au sens des circulaires de la BCT 91-24, 99-04 et 2001-12, la banque est en conformité avec les règles de concentration et de divisions des risques pour les ratios respectifs de 25% 10% et 5%.


Au niveau du groupe, la situation des filiales demeure performante notamment pour le cas d’ASTREE qui a réalisé un RN de +16 MDT en 2011. La participation de la BT dans sa filiale d’assurances qui s’élève à 65% directement et 12% indirectement lui permet d’engranger des dividendes de 4 prés MDT annuellement. Par ailleurs, la participation dans le groupe de promotion et développement touristique SOPROFIT Carthago (en partenariat avec le Club Med), qui gère les hôtels, Calypso, Djerba la Douce e Djerba la Fidèle, est aussi rentable. Le pourcentage d’intérêt du groupe lui permet actuellement de s’assurer des dividendes annuels de l’ordre de 2 MDT, contribuant ainsi à l’amélioration du Résultat net consolidé.


Malgré ces éléments stabilisateurs, le RN Consolidé a transposé l’effet négatif des provisions suite aux risques additionnels comptabilisés en 2010 au niveau de la société mère pour baisser de 77,949 MDT à 65,278 MDT (-16,25%).


La discussion concernant la dernière circulaire de la BCT en ce qui concerne le renforcement des règles de bonne gouvernance a pris un temps non négligeable. La banque, qui promet de s’y conformer dans un délai ne dépassant pas un an comme indiqué dans la circulaire, est à la recherche de membres compétents et indépendants pour renforcer ces divers comités d’audit, de contrôle et de suivi ainsi que son Conseil d’Administration. Une proposition de réserver deux sièges dans le CA aux petits porteurs a été avancée par l’un des actionnaires présents ; M Ben saad a répliqué que la cooptation de tout nouvel administrateur doit, selon la réglementation, recevoir, au préalable, l’aval des autorités monétaires, et ce uniquement pour les secteurs bancaire et assurances. Il rajoute que la banque se doit de réserver un à 2 sièges à l’Etat propriétaire, après l’enclenchement de la procédure de confiscation, des 13% anciennement détenus par la famille Trabelsi.


Les perspectives de la banque sont impactées par le contexte macro-économique. Le rythme de croissance devrait être inférieur à celui de 2010 qui reste une année exceptionnelle au niveau des opérations d’exploitation. Au niveau des Dépôts et Crédits clientèle, les taux de croissance devraient baisser de +20% à respectivement 12% et 10,5%. La banque s’attend à une progression de 6% dans son PNB alors que son RBE prévisionnel devra croitre de 8,7% tout en maintenant une politique de maitrise des frais généraux pour stabiliser le coefficient d’exploitation en deçà des 30%. Mêmes les négociations salariales pour réviser la convention sectorielle, non encore entamée a fait remarquer M Ben Saad, ne devraient pas trop altérer ce coefficient de loin le plus bas du secteur à 28%.


Le management a rassuré les actionnaires que la banque œuvrera sans relâche pour réaliser, au pire des cas, un résultat net consolidé similaire à celui de 2010, soit 65 MDT pour maintenir le niveau du payout.


Enfin la discussion sur le dividende à distribuer a été assez houleuse, puisque les actionnaires sont rentrés dans une négociation avec le CA, finissant par trancher en faveur des petits porteurs fortement représentés à l’AG. Le dividende a été relevé de 220 millimes à 240 millimes par action à servir à partir du 01 juillet 2011 .