Le portefeuille coté de l’état tunisien (par Alphamena)

Le dossier de cession des actifs de l’Etat refait surface. Pour le moment, rien n’a été fait pour les grandes entreprises et même pour les coparticipations dans les banques. Au vu des difficultés budgétaires, le gouvernement sera dans l’obligation de céder des actifs, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour les contribuables. A ne pas également sous-estimer les pressions du FMI qui devrait approuver le versement de la troisième tranche du fameux prêt dans les prochains mois.

Nous profitons de cette occasion avec le retour sur le devant de la scène des entreprises publiques et de l’utilité de leur cession, pour revenir sur le portefeuille coté de l’État tunisien. A retenir en tête que les actifs cotés de l’État tunisien sont sans aucun doute ses meilleures entreprises publiques, en ayant un minimum de soucis liés à la rentabilité.

Il s’agit d’un portefeuille composé de 17 titres sur une couverture tunisienne globale de 51 valeurs (33%). Cette liste comprend des sociétés contrôlées, directement ou indirectement par l’État tunisien. Nous avons inséré Adwya (Achat, Tunisie), non pas pour des raisons de contrôle effectif, mais plutôt pour un fait très simple : la présence de l’État a fortement conditionné la vie du laboratoire tunisien. D’ailleurs, Adwya et CC (Vente, Tunisie) sont actuellement les dossiers de cession les plus chauds. 

Ce portefeuille vaut actuellement 3,398 MdsTND (1,215 Md€), soit 16,8% de la capitalisation tunisienne couverte par AlphaMena. En 2010, cette même liste valait 4,587 MdsTND. Autrement dit, l’État était plus riche en 2010 à travers son portefeuille coté. Les pertes de 1,198 MTND enregistrées par le portefeuille de l’État tunisien deviennent encore plus importantes si nous les ajustons par les augmentations de capital et par les dividendes. Depuis 2010, cette liste a perdu plus de 1,6 MdsTND. 

Bien évidemment, ces pertes sont également supportées par les autres actionnaires, mais la principale cause de cette destruction massive de valeur est certainement la présence de l’État dans les organes de gouvernance de ces entreprises.

Le staff combiné de cette liste est de 18,675 K personnes ou bien 28% de l’effectif total des sociétés tunisiennes couvertes par AlphaMena. Ce taux devient plus important en regardant les salaires versés par ces entreprises qui atteignent 928 MTND, soit presque 39% de la masse salariale combinée de notre univers tunisien. Le gouvernement tunisien est très généreux avec son personnel, même si cela est au détriment des actionnaires minoritaires.

D’ailleurs, les modestes 92 MTND de profits combinés (7% du total bénéfice généré par notre couverture tunisienne) qui devraient être générés en 2017 par cette liste confirment que la rentabilité est réellement le dernier souci de ces entreprises. Le ROE est bien évidemment médiocre, à -1,14% vs. 11,4% pour l’ensemble de l’univers tunisien.

Avec un peu de bonne volonté, mais surtout une patience infinie (dans la négociation avec les syndicats), celui qui prendra le contrôle de ces actifs n’aura pas de grands problèmes pour faire mieux que ces chiffres. Bien évidemment, ce raisonnement ne concerne pas les trois fameuses banques...Nous y reviendrons dans les prochaines semaines. xls disponible sur demande

 

 

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