La société a payé 8 MD à l’administration fiscale

L'assemblée générale ordinaire de Carthage Cement s'est tenue aujourd'hui, 17 juillet 2017, au siège de l'IACE, sous la présidence de Adel Grar, président de karama holding. Carthage Cement a dégagé au terme de l'exercice 2016, un résultat net déficitaire de 45,993 MD.

La séance a débuté comme à l'accoutumée par une présentation de l'activité de la société en 2016, marquée par la baisse des ventes. Brahim Sanaa, Directeur Général de Carthage Cement a expliqué que les ventes du secteur ont globalement reculé de 8,4% à 8,5 millions de tonnes de ciments contre 9,3 millions de tonnes en 2015, la part de marché de Carthage Cement s'est élevée à fin 2016 à 18,96% vs 15,63% l'année précédente. Le chiffre d'affaires de l'activité ciment a évolué de 7% en glissement annuel. La grande problématique pour Carthage Cement voire pour tout le secteur reste l'export, Brahim Sanaa est revenu sur les nouvelles conditions imposées par l'Algérie, principal débouché à l'export pour le secteur du ciment en Tunisie, très excédentaire avec une capacité installée de 11 million de tonnes. Les exportations vers l'Algérie sont depuis 2016 soumises à licence, le pays voisin s'approvisionne à hauteur de 50% de Turquie et impose des conditions restrictives aux opérateurs tunisiens, d'ailleurs à fin juin 2017 et depuis le début de l'année, les exportations de ciment tunisien vers l'Algérie ne dépasse pas les 150 mille tonnes pour l'ensemble du secteur, des quantités qui constituent en fait des  avances des commandes de 2016, pour l'année en cours l'Algérie n'a encore accordé aucune licence aux cimentiers tunisiens. Les ventes Export de Carthage Cement ont ainsi reculé de 12,70% en volume, contre une baisse de 30,67% pour le secteur. Cette tendance s'est poursuivie en 2017, ainsi le secteur et CC ont accusé une baisse de l'ordre de 80% en volume exporté au 31 mai, comparé aux cinq premiers mois de 2016.

Conjuguée à la baisse des ventes localement, la situation a engendré en fin d'année 2016 un stock final de 1,235 millions de tonnes de ciments pour le secteur, malgré le recours de certains industriels à des arrêts de production pour écouler leurs stocks.  Brahim Sanaa a rappelé le grand changement qu'a connu la configuration du secteur depuis quelques années, avec l'entrée en production de Carthage Cement, la hausse de près de 50% de la capacité de production opérée par la SCB, et l'arrivée de la SOTACIB de Kairouan. La capacité du secteur peut atteindre les 13 millions de tonnes annuellement, a indiqué le DG. A noter qu'au cours de l'année 2016, la société est parvenue à un accord pour une opération d'exportation vers la Côte d'Ivoire, un projet toutefois bloqué au moment de la constitution de la lettre de crédit, pour des exigences de la Banque Centrale Européenne qui a demandé à la banque espagnole de justifier les origines de fonds du client ivoirien. Ce même client jouit d'une réputation bien établie en Europe, puisqu'il vient de racheter le fameux club français, Le Havre, renchérit Sanaa.

Pour l'activité agrégats, Carthage Cement a enregistré une hausse de 19% de ses ventes en 2016, le volume de vente mensuel s'est situé entre 200 et 250 mille tonnes, hormis le mois de juillet marqué par une période de mévente coïncidant avec le mois de Ramadan. Le chiffre d'affaires agrégats sur l'ensemble de l'année 2016 a atteint 22 MD, soit une amélioration de 15% vs 2015.

L'activité ready-mix a vu ses revenus reculer de 10% en 2016, à 20,3 MD. La société essaie tant bien que mal de préserver sa part de marché a indiqué Sanaa, malgré la forte concurrence, la centrale de Bir Kasaa est aujourd'hui entouré de 6 autres centrales, Carthage Cement a fait le choix de ne pas brader les prix, a insisté le DG. A noter qu'en 2016, la centrale à Béton a produit 176 098 mètres cubes, soit une régression de 11% comparé à 2015.

Globalement, le chiffre d'affaires de Carthage Cement s'est inscrit en hausse de 6% par rapport à 2015,  Brahim Sanaa a fait savoir que sur le premier semestre 2017, la société a vendu 643 mille tonnes de ciments sur le marché local, soit une part de marché de 18,54% selon le rapport de la chambre nationale des producteurs de ciment. Les ventes à l'export ont atteint 30 mille tonnes sur un total de 152 mille tonnes pour le secteur.

Par ailleurs, le rapport des commissaires aux compte souligne l'augmentation d'année en année des créances de Carthage Cement sur BINA TRADE, et qui présente un solde au 31 décembre 2017 de 20 MD. Le CAC a indiqué qu'au regard de l'historique de ces créances, qui enregistre d'importants retards par rapport aux délais de règlement contractuels, la société détient une créance de 0,597 MD sur la société Maghreb Transport (partie liée) qui demeure non remboursée depuis 2008. L'ensemble de ces créances devrait être déprécié selon l'avis du CAC. Le rapport met également l'accent sur les difficultés de la société à honorer ses engagements vis à vis des institutions financières et de l'administration fiscale.  Le management a fait savoir que des actions ont été entreprises dans ce sens, notamment des pourparlers pour la restructuration de la dette. Brahim Sanaa a indiqué que Carthage Cement a déjà déboursé 38 MD depuis le début de l'année, au titre de remboursement de dettes, en l'absence l'injection de fonds. Deux banques ont d'ores et déjà donné leurs accords pour un rééchelonnement de la dette, les négociations restent en cours avec les autres institutions qui exigent le remboursement des impayés avant de mettre en place de nouvelles conditions de remboursement pour le restant dû. Au niveau de la dette fiscale, la société procédé au paiement de la taxation d'office, les montants payés ont déjà atteint les 8 MD, la société a eu gain de cause sur d'autres affaires liées aux plus values. Pour ce qui est du contentieux social, vis à vis de la CNSS, constitué des charges patronales, la société est parvenue à un accord et a procédé au paiement de 5%, alors que pour le restant dû un nouvel échéancier sur trois ans à été mis en place.

Pour la relance de l'export, la société a obtenu une promesse du ministère du commerce pour des subventions à l'export, peu importe le montant de la proposition du gouvernement, le simple fait d'obtenir un tel soutien constitue un pas très important pour Brahim Sanaa. La société doit pouvoir trouver une meilleure position concurrentielle à l'international, la concurrence, notamment turque bénéficie d'un soutien de l'état pour abaisser son prix de revient, contrairement à Carthage Cement qui subit également les difficultés logistiques. Notons à ce titre que la différence de prix par rapport au ciment turque est de 15 dollars, correspondant au prix de la mise en fob, qui ne se fait qu'à Bizerte ou Gabes, a insisté le DG, à cela s'ajoute la présence en Tunisie de grands groupes, étant le dernier arrivé Carthage Cement a tout de même réussi à percer au niveau de sa part de marché, considère Brahim Sanaa. Avec 20% du marché, la société est commercialement sur la bonne voie grâce à la qualité de son produit. Elle a vite su se montrer compétitive dans un marché où opèrent cinq fabricants appartenant à des majors mondiaux de la cimenterie.

Revenant sur la cession de la participation de l'État, Adel Grar a affirmé que le choix d'une banque d'affaires tuniso-étrangère pour piloter l'opération devrait accélérer le processus et élargir le choix des candidats. Il s'est montré très confiant quant aux chances aboutissement de l'opération. Il a promis aux actionnaires que chaque événement susceptible d'affecter le cours du titre sera communiqué instantanément. Ils auront droit à un aperçu périodique sur l'activité. La société est née sous-capitalisée dès le départ, regrette t il. Certains actionnaires ont noté que les comptes courants associés  (liés à Belhassen trabelsi et lazhar Sta) ont contribué à alourdir le passif de la société et ce depuis des années. Ces CCA génèrent des intérêts pour les deux actionnaires historiques déchus, à l'origine en 2007 de la cimenterie, alors qu'aucun sac de ciment n'est encore produit. Ces CCA devraient être convertis en actions pour équilibrer le bilan.  A court de trésorerie, et croupissant sous des dettes bancaires abyssales, CC et ses filiales ont toujours eu besoin d'argent pour investir alors même que sa capacité d'endettement bancaire se réduisait.  Pourtant, selon le discours de son DG, les activités rentables n'en manquent pas à commencer par l'activité agrégat à forte marge.  L'usine et la carrière constituent de vrais bijoux, précise Adel Grar. L'État ne compte pas les brader, assure- t- il. CC produit l'un des meilleurs ciments du bassin méditerranéen grâce à ses carrières à portée de main. Un grand groupe cimentier international pourrait en tirer profit à terme s'il lui assure des débouchés a l'export.  Un consultant externe veille à l'optimisation de l'exploitation de la carrière qui couvre près de 100ha a précisé, M Sanaa.

 

 

 

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