La société chimique
ALKIMIA, fidèle à son habitude, a donné à la communauté financière un aperçu
sur l’environnement dans lequel elle évolue et sur ses objectifs futurs.
M. Ali Ben Ali, Président-Directeur-Général de la société,
a commencé son intervention en esquissant une description exhaustive de
l’environnement local et international de la société pour mettre en exergue
l’émergence de nouvelles contraintes tout en exposant certaines opportunités
intéressantes qui s’offrent à la société. Pour ce qui est des contraintes,
Monsieur Ben ALI, a réitéré ses craintes de voir les prix des matières premières
se maintenir à des niveaux élevés ou flamber continuellement à cause d’une
demande mondiale très forte et d’une offre erratique. Bien que le carbonate de
sodium et la lessive de soude soient les intrants nécessaires à la fabrication
du STPP, la forte inquiétude provient du niveau toujours élevé du prix de
l’acide phosphorique pourvu par le Groupe Chimique. La société
ALKIMIA, qui a payé 318,11 dollars la tonne d’acide phosphorique en janvier
2005, règle actuellement ses commandes sur la base d’un prix de 394,81 $/T.
D’après Monsieur Ben Ali, cette hausse est relativement contraignante sachant
qu’il faut dépenser pas moins de 240$ en acide phosphorique pour fabriquer une
tonne de STPP. La société a enregistré aussi des augmentations assez fortes au
niveau des prix de la lessive de soude dont les lots qui seront livrés durant
les mois de décembre/février seront payés 314$/T. Cette importante flambée est
due à la forte demande qui a marqué le marché du chlore fortement lié au marché
du PVC et de l’aluminium. D’un autre côté, le carbonate de sodium qui se
caractérise par sa faible disponibilité, a vu ses prix décoller. Cet intrant qui
sert à la fabrication du verre est fortement demandé par les pays qui sont
embarqués dans des programmes de logement très ambitieux à l’image de l’Inde, la
Chine ou encore de l’Algérie qui prévoit la construction de 2 millions de
logements neufs sur les 5 prochaines années. A cause, en partie, de ces facteurs
externes, le carbonate de sodium coûte actuellement 192$/T pour
ALKIMIA. Et c’est à Monsieur Ben Ali de noter que des projets immenses sont
à l’étude dans la zone MENA pour pallier à l’insuffisance de matières premières
sur les marchés locaux dans ce type d’activité, notamment en matière d’acide
phosphorique. C’est ainsi que les Saoudiens qui disposent de gisements de
phosphate immenses, seraient déjà en mesure de se doter de deux unités de
production de 30 millions T/an pour la fabrication du phosphate et de 3 millions
T/an pour celle d’engrais DAP. Ces deux projets devraient être à pied d’œuvre
dans les prochaines années à côté d’autres projets qui pourraient voir le jour
en Australie, en Afrique du Sud ou en Inde. C’est là une contrainte à laquelle
sera confronté le Groupe Chimique Tunisien qui devra réagir à la reconfiguration
du marché mondial, mais une opportunité pour
ALKIMIA qui verra probablement ses coûts de matière première diminuer.
A côté de ces différentes variables qui conditionnement
l’évolution des marges de la société, cette dernière se trouve pénalisée,
autrement, par un manque de souplesse dans la fixation de ses prix de vente: la
détergence étant un produit de grande consommation et ses fabricants sont
généralement peu enclins à la concession du moindre avantage par souci de
compétitivité. Mais grâce à son positionnement géographique et la qualité de ses
produits,
ALKIMIA a pu répercuter une partie de la hausse des coûts sur ses prix. Sur
le marché local, les prix ont oscillé entre 565 et 700 DT/T alors qu’à l’export
les ventes se font sur la base de prix variant entre 450 et 600 $/T FOB Gabés,
soit en terme équivalent, des prix allant jusqu’à 780 DT/T. La société a
précisé qu’elle est en train d’étudier les améliorations à apporter au niveau de
sa politique de prix. Une entrevue est prévue le 18 de ce mois avec Henkel, l’un
de ses clients principaux, pour la renégociation des contrats annuels.
Venant aux objectifs futurs, M. Ben Ali a noté que le
quatrième trimestre 2005 sera un trimestre difficile. Cela dit, la société
devrait sans encombre atteindre un objectif de production de 140.000 Tonnes pour
la fin de l’année. Concernant l’année 2006, ce même objectif est facilement
réalisable selon le premier dirigeant de la société qui a signalé les bonnes
performances de l’outil de production après les quelques soucis d’ordre matériel
et social de l’année dernière. La société compte entretenir ses équipements
moyennant des investissements de maintenance de 2,4MDT. En termes de résultat,
Monsieur Ben Ali a été plus réservé. Il a cité les différents cas de figure
possibles en simulant des prix pour l’acide phosphorique de 440$/T qui donnent
des résultats négatifs, pour enfin venir à la conclusion que l’année sera aussi
difficile que l’année 2005 sur ce plan bien précis. Néanmoins, le dirigeant d’ALKIMIA
a été catégorique affirmant qu’il ne faut pas que l’actionnaire fasse les frais
de l'envolée des prix.
Côtés projets, la société a finalement concrétisé son
partenariat avec la société Asmidal de Annaba après deux années de tractations.
L’entité sera dirigée par un Tunisien mais gardera en totalité son effectif
algérien et produira 60.000 T de STPP. L’offre d’ALKIMIA
portant sur 55% du capital est évaluée à 5,4 millions de $ dont 600 mille $ en
apport d’industrie sous forme de savoir-faire et de transfert technologique.
ALKIMIA a déjà libéré 1,350 M$ du capital de la joint venture. Les nouveaux
statuts et les pactes d’actionnaires seront finalisés après les discussions au
plus tard le 1 janvier 2006. Outre son projet algérien,
ALKIMIA envisage d’étendre sa capacité locale à 190.000 Tonnes de STPP en
investissant dans une nouvelle unité à Gabés pour l’équivalent de 22 MDT.
L’entrée en service de cette unité après approbation du conseil
d’administration, qui interviendra au cours de ce mois, est prévue pour le
second semestre 2007. Ce projet est précédé d’une étude de marché qui a révélé
les limites actuelles de l’offre de STPP dans la région. Ainsi, selon M. Ben
Ali, le risque est bien calculé. Toujours dans le volet des nouveaux projets,
ALKMIA a été courtisée par un fabricant saoudien pour lui venir en aide en
termes d'apport en compétences et en savoir faire. Le marché saoudien offre
l’opportunité d’être proche de l’Irak, l’Iran et de la Turquie, des pays à fort
potentiel, précise le management d’ALKIMIA.
Ce projet portera sur une production de 50.000 Tonnes et sera réalisés en deux
ans. En guise de conclusion, M. Ben Ali a fait remarquer que tous ces projets
ont été mûrement réfléchis et qu’ils sont faciles à mettre en œuvre.
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