MENA : La Banque Mondiale prévoit la croissance la plus élevée depuis 2016 cette année, avec de fortes inégalités

La Banque Mondiale a publié un rapport, qui met à jour les prévisions de croissance pour la région MENA, intitulé "A New State of Mind: Greater Transparency and Accountability in the Middle East and North Africa". 
 
Selon la Banque Mondiale, les économies de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) devraient dans l'ensemble croître de 5,5% cette année, le taux le plus élevé depuis 2016. Il sera suivi d'un ralentissement de la croissance à 3,5 % en 2023. 
 
L'organisation estime cependant que la croissance sera inégale dans la région, compte tenu des nouveaux chocs violents dus à la hausse des prix du pétrole et des denrées alimentaires provoquée par la guerre en Ukraine, à la hausse des taux d'intérêt mondiaux et au ralentissement observé aux États-Unis, en  Chine et dans la zone euro. Cela vient s'ajouter au retombées toujours présentes de la pandémie COVID-19, souligne le rapport. 
 
Si les pays exportateurs de pétrole de la région bénéficient des prix élevés des hydrocarbures, les pays importateurs sont confrontés à un risque accrus en raison de l'augmentation des factures d'importation, en particulier pour l'énergie en plus des produits alimentaires, et du resserrement de l'espace budgétaire, avec l'augmentation des dépenses de subventionnement pour soutenir leur population face à la hausse des prix. 
 
L’analyse de la Banque prévoit ainsi des trajectoires de croissance divergentes dans la région. Les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) sont sur la bonne voie pour atteindre une croissance de 6,9​% en 2022, soutenus par les revenus élevés des hydrocarbures, avant un ralentissant à 3,7 % en 2023 avec la baisse escomptée des prix des hydrocarbures. 
 
Les pays en développement exportateurs de pétrole devraient connaître des tendances similaires à celles du CCG, mais à des niveaux inférieurs, avec une croissance en 2022 qui devrait passer à 4,1%, avant de retomber à 2,7% en 2023. 
 
De leur coté, les pays en développement importateurs de pétrole devraient enregistrer une croissance de 4,5% en 2022 et 4,3% en 2023. Le ralentissement de la croissance en Europe présente un risque particulier pour ces pays, qui dépendent davantage des échanges avec la zone euro, en particulier la Tunisie, le Maroc, et l'Égypte.
 
Ces pays devront réduire certaines dépenses, trouver de nouveaux revenus ou augmenter les déficits et la dette pour financer les programmes d'atténuation de l'inflation et toute autre dépense supplémentaire. De plus, à mesure que les taux d'intérêt mondiaux augmentent, le fardeau du service de la dette des importateurs de pétrole grandira, c'est notamment le cas de certains dont le niveau d'endettement est déjà élevé, comme la Jordanie, la Tunisie et l'Égypte.
 
Selon Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, ces pays ont besoin d'une gouvernance intelligente pour affronter la tempête et les multiples chocs en plus de la pandémie. Une gouvernance réactive aidera les pays à relever ces défis plus efficacement dès maintenant et à cimenter les fondations d'une croissance à long terme.
 
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