Hatem Zaara réagit à la dégradation de la note tunisienne par R&I et recommande la mise en place d'une cellule de crise

Hatem Zaara, expert financier et directeur de la salle des marchés chez Amen Bank est revenu sur la dégradation de la note de la Tunisie par l’agence japonaise R&I (Rating and Investment Information) de BBB- à BB+, et qui place la Tunisie dans la catégorie Speculative Grade, rappelant qu'il s'agit du troisième abaissement de R&I après ceux de 2012 et 2013. Une décision qui n’a rien de surprenant, a-t-il indiqué, et que l'agence a repoussé au début 2016, mettant en avant le ralentissement de la croissance du pays dans un contexte rendu encore plus défavorable par les tensions sociales et sécuritaires ainsi que la contraction de la demande émanant de l’Union Européenne, son principal partenaire commercial. A la lumière de la baisse prévisible des exportations tunisiennes d'huile d'olive, l’année 2016 risque d’être très difficile, si la demande européenne ne se redresse pas ajoute Hatem Zaara, invité ce matin sur les ondes d’Express Fm.

La conséquence directe de cette dégradation sera évidemment la hausse des coûts des prochaines sortie de la Tunisie sur les marchés internationaux avec un renchérissement au niveau des coûts de l’assurance déjà élevés (plus de 1,5% actuellement), d’autant plus que le pays devrait recourir au marché japonais pour lever l’équivalent de 500 millions de dollars, rappelle Hatem Zaraa. Cette sortie annoncée par le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Chedly Ayair, pourrait être une des plus chères que la Tunisie ait jamais opéré, avec une forte probabilité d'un refus du gouvernement nippon d’accorder sa garantie. Cette situation pourrait carrément dissuader la Tunisie d’emprunter sur le Samouraï pour trouver d’autres sources de financement comme la Chine ou les Sukuks... Quoi qu'il en soit, la dégradation de tous les indicateurs économiques de la Tunisie rendra de plus en plus contraignantes et difficiles les levées de fonds sur les marchés étrangers.

L’expert estime qu’il est désormais nécessaire de mettre en place une cellule de crise dont le rôle majeur serait de travailler au niveau de la communication avec les autres agences de notation et parer à d’éventuels abaissement futurs, en présentant un plan de développement convainquant , il serait d'ailleurs opportun selon Hatem Zaara, de reprendre contact avec Standard & Poor's après une rupture de plus de deux ans.

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