Secteur privé : - Les fermetures définitives d’entreprises ont fortement augmenté durant le quatrième trimestre 2020 selon une enquête de l'INS

L’Institut National de la Statistique (INS), en collaboration avec la Société financière internationale (IFC), membre du Groupe de la Banque mondiale, a achevé la troisième et
dernière phase de son enquête relative à l’impact de la pandémie de COVID-19 sur le secteur privé en Tunisie. Cette enquête a été effectuée par téléphone auprès d’un panel de 2 500 entreprises représentatives du secteur privé formel. La troisième phase s’est déroulée en décembre 2020, la deuxième avait eu lieu en septembre et octobre, et la première en mai et juin.
 
Cette étude a permis d’interroger les entreprises sur l’état de leur fonctionnement pendant la crise
sanitaire, l’évolution des facteurs impactant leur activité, les mesures gouvernementales mises en
place face à la crise, les mécanismes d’ajustement mis en œuvre par les entreprises elles-mêmes, la
durabilité de leurs opérations, l’existence et l’utilisation de plans de continuité d’activité et leurs prévisions. « Les résultats de cette troisième phase de notre enquête montrent que la crise a considérablement accentué la pression sur les entreprises privées. Le nombre d’entreprises déclarant avoir définitivement cessé leur activité et le nombre de celles disant avoir procédé à des ajustements d’emplois ont augmenté, tandis que les ventes et la demande ont continué de baisser. On décèle néanmoins quelques facteurs de modération : davantage d’entreprises déclarent avoir bénéficié des mesures de soutien gouvernementales et l’usage des plateformes numériques s’est relativement accéléré », a déclaré M. Adnen Lassoued, directeur général de l’INS.
 
« Cette troisième phase, réalisée après le déconfinement, nous permet d’avoir un recul sur les impacts de la crise sur les différents secteurs. L’enquête a confirmé que l’impact a été significatif sur les services d’hébergement, la restauration et les cafés. L’enquête montre que la crise a eu un impact significatif sur le secteur privé, mais elle démontre aussi que davantage d’entreprises ont bénéficié des mesures gouvernementales, passant de 21% durant le 3 ème trimestre à 25,5% lors du 4 ème trimestre », a déclaré M. Georges Joseph Ghorra, Représentant résident d’IFC en Tunisie.
 
L'enquête révèle que 78,4% des entreprises étaient ouvertes durant le quatrième trimestre 2020 : 10,9% des établissements sont restés ouverts sans interruption (12,2% lors du T3) et 67,5% ont rouvert après interruption.
 
Par ailleurs, les fermetures définitives d’entreprises ont fortement augmenté. En effet, 10,4% des entreprises étaient définitivement fermées : 2,6% à cause de la pandémie (1,5% lors du T3) et 7,8% pour d’autres raisons (3,9% au T3). Par ailleurs, 11,2% des entreprises étaient temporairement fermées : 10,2% sur décision de l’entreprise et 1% sur celle des autorités. Enfin, 65,4% des entreprises ouvertes au T4 ont déclaré qu’elles risquent de fermer définitivement dans les conditions actuelles, contre 37,2% au T3.
 
La crise sanitaire a fortement perturbé les activités des entreprises malgré une légère amélioration post-déconfinement. L'INS indique que 85,9% des entreprises ont déclaré avoir subi une baisse de leur chiffre d’affaires pendant le mois de novembre, contre 82,3% en juillet. Parmi celles qui ont continué à opérer, 86,4% ont enregistré une baisse de leur liquidités, 79,5% ont
enregistré une baisse de la demande adressée, 54,9% ont déclaré rencontrer des difficultés d’accès aux services financiers, 52,1% ont signalé des difficultés d’approvisionnement en matières premières et 48,9% sont confrontées à une baisse du nombre d’heures travaillées.
 
Les entreprises du secteur privé ont effectué des ajustements plus importants en matière d’emplois pendant le mois de novembre. Seulement 37,1% des entreprises ont déclaré ne pas avoir procédé à des ajustements liés à l’emploi, contre 44,7% en avril et 39% en juillet. Par ailleurs, 25,9% des entreprises ont procédé à des licenciements, 11,6% ont accordé des congés payés et 9,8% des congés sans salaires. Enfin, 15,7% des entreprises
ont eu recours à des réductions salariales, 30,5% ont procédé à la réduction du nombre d’heures travaillées et seulement 5,3% des entreprises ont recruté.
 
D'autre part, et face à la crise sanitaire, les entreprises ont eu davantage recours aux solutions digitales – 12,7% des entreprises ont accru leur présence en ligne au T4, contre 9,3% au T3. Cette présence en ligne avait principalement pour but de faciliter le télétravail et d’accomplir les tâches administratives. L’utilisation des nouvelles technologies a progressé de manière
notable dans les secteurs de la vente, du marketing et des moyens de paiement. 
 
Toujours selon les résultat de l'enquête, l'utilisation de plans de résilience et de politiques de continuité d’activité reste très limitée. Seules 10,1% des entreprises déclarent disposer d’un plan de continuité d’activité (PCA) en T4, en baisse par rapport à T3 (14,8%). Ces PCA intègrent notamment le télétravail pour 52,5% des entreprises en T4, contre 62,9% des entreprises en T2. 
 
Les entreprises réclament plus de mesures de soutien pour faire face à la crise. Les trois mesures dont les entreprises disent avoir le plus besoin sont les exonérations et les réductions d’impôt (37%), les injections directes de liquidités (36,8%) et les reports d’impôt (24,1%). Toutefois, davantage d’entreprises ont déclaré avoir bénéficié des mesures gouvernementales, passant de 21% en T3 à 25,5% en T4. Parmi les entreprises qui n’en ont pas bénéficié, 34.3% déclarent en avoir pourtant fait la demande, 15,5% n’ont pas exprimé d’intérêt et 14,5% ont pointé la complexité du processus.
 
 
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