Quels effets du Coronavirus sur l’économie tunisienne ? (Par Mohsen Hassen, ancien ministre)

L'ancien ministre du commerce, Mohsen Hassen, a abordé la question de l'impact financier possible de l'apparition du Coronavirus sur l'économie tunisienne, alors que dans le monde les réactions se multiplient : événements de toutes sortes annulés, institutions scolaires fermées, et récemment la baisse surprise de la Banque Centrale Américaine de ses taux, etc.

De l'avis de plusieurs institutions internationales, l'économie mondiale pourrait être affectée par l'apparition de ce virus, a fait remarquer Hassen, « au moins sur les six mois à venir ». La baisse de la consommation en Chine et dans le monde, et des dépenses touristiques sont les principaux facteurs alarmants. Les prévisions évoquent un ralentissement de la croissance mondiale, entre 0,4 et 1,5%, soit un impact négatif estimé entre 400 milliards de dollars et plus de 1000 milliards de dollars au premier semestre 2020, a affirmé l'ancien ministre.

Mohsen Hassen a, en outre, évoqué l'économie tunisienne, toujours fragile avec une croissance qui n'a pas dépassé 1% en 2019, et sur laquelle le contexte actuel apporte de nouvelles menaces. Ce qui pourrait accentuer les équilibres financiers et engendrer un nouveau ralentissement de la croissance.  

Les principaux facteurs à craindre, selon Mohsen Hassen seront, en premier lieu, la baisse du rendement des secteurs touristique et du transport aérien et maritime. La position de la compagnie nationale Tunisiar pourrait d'ailleurs être aggravée, souligne Hassen. Il faudra aussi surveiller le secteur industriel tunisien, en perte de vitesse avec une valeur ajoutée en baisse sur quatre trimestres consécutifs. Selon l'ancien ministre, la situation pourrait empirer en raison de la baisse du rythme des exportations, et surtout des importations, notamment de matières premières, semi-manufacturière et d'équipement en provenance de Chine.

Parmi les autres éléments inquiétants pour l'économie tunisienne selon Mohsen Hassen, figure la possible baisse des exportations des produits d'extraction, tels que le phosphate avec la baisse de la demande mondiale d'un côté, et le repli des IDE de l'autre.

Au niveau des finances publiques, Mohsen Hassen prévoit plusieurs conséquences, à commencer par la baisse des recettes douanières suite à la baisse prévisible des importations, et des recettes fiscales avec le ralentissement de l'activité économique. La Tunisie pourrait aussi trouver des difficultés pour lever les fonds programmés au niveau de la loi de finances 2020, estimés à 9 milliards de dinars, avec l'éventuel resserrement des liquidités dans le monde, comme en 2008.

L'ancien ministre prévient également d'une aggravation du déficit de la balance commerciale, et une baisse des transferts des TRE, ainsi que l'accentuation de la pression sur la balance des paiements. Ce qui pourrait impacter la valeur du dinar tunisien et alimenter de nouvelles tensions inflationnistes.  

Pour conclure, Mohsen Hassen souligne la baisse des cours pétroliers, à près de 45 dollars le baril, et qui serait selon lui, le seul facteur positif pour l'économie tunisienne, dans la mesure où le niveau actuel des prix devrait soulager le déficit énergétique qui constitue la plus grande proportion du déficit commercial. La baisse des cours du baril aidera également à mieux maitriser le coût du subventionnement des hydrocarbures.

Les cours du pétrole pourraient poursuivre leur baisse, avec le recul de la demande chinoise et une production américaine en hausse. 

Le gouvernement tunisien, devra gérer cette situation de crise à venir avec plus de réactivité, affirme Mohsen Hassen, qui recommande la création d'une cellule de crise regroupant les principaux décideurs, BCT, ministères, etc. afin mettre en place les politiques économiques et financières nécessaires.

 

 

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