Les mécanismes d’encouragement de entrepreneuriat en Tunisie

La Tunisie s’est fixée pour priorité, la création d’emplois, en mettant en place de nouveaux mécanismes de conseil et de financement en vue d’accroître le soutien accordé aux entrepreneurs. L’un de ces mécanismes consiste en des programmes de crédits au profit d’entrepreneurs et d’incubateurs d’entreprises.

Le soutien financier

Il existe diverses sources desquelles provient l’appui financier dont bénéficient les entrepreneurs tunisiens. En février 2014, la Banque Mondiale a, à titre d’exemple, mis en place un programme d’appui aux réformes économiques et politiques en Tunisie d’une enveloppe de 1,2 milliard de dollars dont une part de 100 millions de dollars alloués aux petites et moyennes entreprises.

Pour sa part, l’Agence américaine pour la promotion de l’investissement privé à l’étranger a annoncé le lancement d’une facilité de prêt à l’adresse des PME tunisiennes, en l’occurrence les entreprises de franchise et ce, en collaboration avec différents partenaires tels que des banques. En outre, le Microcred Tunisie, groupe financier local, a conçu une panoplie de crédits au profit des entrepreneurs dont l’âge se situe entre 18 et 35 ans.

Dans une déclaration accordée aux médias, le fondateur et PDG du studio de production de jeux vidéo Digitalmania, Walid Sultan Midani a indiqué que l’écosystème entrepreneurial est devenu méconnaissable en comparaison à la période d’il y a cinq ans, ajoutant : « Si on m’avait dit à l’époque qu’il y aurait des incubateurs, des accélérateurs et des investisseurs … j’aurais répondu « sûrement pas »
Incubateurs et accélérateurs

Grâce au travail et aux efforts déployés de plusieurs financements étrangers, une série d’incubateurs et d’accélérateurs privés ont émergés depuis l’année 2010. Le réseau international d’entrepreneurs à savoir : l’association française Réseau Entreprendre a installé sa filiale en Tunisie en 2010 et s’accorde pour mission d’accompagner et de financer des startups. Le Lab’Ess a été crée depuis l’installation de cette filiale et qui consiste en un laboratoire de l’économie sociale et solidaire jouissant de l’appui des Français du Comptoir de l’Innovation et du Groupe SOS ainsi que du soutien financier de l’Agence française de développement. Aujourd’hui, le Lab’Ess est composé de deux pôles : le Bureau Association Conseil crée en 2011 offrant accompagnement et conseil et l’incubateur IMPACT crée en 2013 et dont la spécialité est l’entreprenariat social.

Par ailleurs, il existe d’autres programmes d’accélérateurs internationaux dont profitent les entrepreneurs tunisiens à l’instar de Yunus Social Business proposant un programme d’accélérateur d’une période de deux mois aux startups. Egalement des initiatives publiques opèrent sur la scène de l’entreprenariat telles que le Réseau National des Pépinières d’Entreprises crée en 2005 et qui proposent accompagnement, conseil et financement.

Le fondateur de TedxCarthage et de l’espace de co-working Cogite ; Houssem Aoudi a expliqué qu’il existe des infrastructures d’appui à l’instar des espaces dédiés au réseautage ainsi qu’au co-working.

Efforts insuffisants

En dépit de tous ces mécanismes et ces programmes pour encourager la création d’emplois en Tunisie, il reste encore beaucoup à faire comme c’est le cas dans plusieurs marchés de l’Afrique du Nord. Les startups ont encore besoin davantage de soutien pour faire face aux difficultés d’accéder au financement des banques commerciales locales.

Le spécialiste du secteur financier de la Banque Mondiale pour la Tunisie, Laurent Gonnet a indiqué dans une déclaration à la presse à propos des banques commerciales : « extrêmement prudentes et peu enclines au risque », en particulier à l’encontre des entreprises technologiques.» selon des estimations de la Société Financière Internationale, bien que les PME représentent la grande partie des entreprises dans la région MENA, elles ne bénéficient que de 8% de la totalité des prêts octroyés par les banques. A ce titre, les jeunes entrepreneurs ont exprimé leur souhait de voir la mise en place d’un cadre réglementaire efficace et avantageux aux startups. Dans son dernier rapport de 2015, Doing Business classe la Tunisie à la 103ème position en termes de création d’entreprises.

Cependant, les frais d’inscription des entreprises au registre du commerce a été augmenté et cette mesure a été perçue comme une mesure décourageante. La secrétaire américaine au commerce Penny Pritzker, a indiqué dans le cadre de la Conférence sur l’Investissement et l’Entreprenariat à Tunis : « Rationaliser, simplifier et clarifier le code de l’investissement aura pour effet d’encourager la création d’entreprises, de contribuer à davantage de croissance du secteur privé et à une concurrence accrue, et enverra le message suivant aux investisseurs locaux et internationaux : la Tunisie est prête pour les affaires.»

Créer de l’emploi

Le taux de chômage est estimé actuellement en Tunisie à hauteur de 15,2% sur la totalité de la population. Toutefois, le chômage frappant les jeunes a enregistré une évolution remarquable et s’établi à 40%. Selon une étude rendue publique par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, seulement 30.000 sur les 70.000 jeunes diplômés des universités tunisiennes réussissent à trouver un travail.

D’après une observation, les Tunisiens travaillant à l’étranger pourraient appuyer l’effort national dans la création d’emploi. En effet, estimé à hauteur de 1,1 million de TRE ce qui représentent environ 10% de la population tunisienne, un certain nombre de ces Tunisiens pourraient opter pour un retour au pays en créant des entreprises et en ayant des contrats tout prêts avec un accès à des capitaux.  Quant à ceux qui décident de rester à l’étranger, ils sont susceptibles d’effectuer des transferts de fonds importants annuellement de l’ordre de 2,3 milliards de dollars, cela était le cas en 2012 tel que le rapporte la Banque Africaine de Développement. 

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