En l’absence de son PDG, M. Moncef Dakhli, la Banque Nationale Agricole a tenu sa communication financière le mardi 08 mars 2011 au siège de la Bourse de Tunis, sur invitation de l’AIB. Sixième banque à se prêter à cet e

En l’absence de son PDG, M. Moncef Dakhli, la Banque Nationale Agricole a tenu sa communication financière le mardi 08 mars 2011 au siège de la Bourse de Tunis, sur invitation de l’AIB. Sixième banque à se prêter à cet exercice, la BNA était surtout attendue pour la question de ses engagements envers le clan de l’ex-président, étant l’un des établissements les plus exposé de la place. Le management a également passé en revue les principaux agrégats au 31 décembre 2010 ainsi que les attentes de la banque pour l’année en cours.

Revenant sur les chiffres 2010 de la BNA, M. Tlil, Directeur Général, a rappelé la hausse de 7,9% du PNB par rapport à 2009, à 260,6 MD. Les dépôts ont gagné 8% à 4749 MD et les crédits ont progressé de 21,3% à 5258 MD. Le résultat net 2010 devrait se situer autour de 50 MD. La banque a également constaté une hausse de son taux de couverture de 68,6 à 73,4%, le taux de CDL est passé de 11,9 à 10,6%, le coefficient d’exploitation abaissé à 47% contre 49,8% en 2009 alors que le ROE est monté à 16,5 contre 14,2% en 2009.

Comme dix autres grandes banques, la BNA n’est pas sortie indemne des émeutes du mois de janvier 2011, les dégâts ont été situés à prés de 2 MD, soit 840mD liés aux locaux, 285 mD au matériel informatique, 60 mD aux caméras de surveillance, 61 mD au matériels de bureau ainsi que 39 GAB pour 350 mD. Sur les 42 agences partiellement sinistrées et les dix totalement endommagées, 46 ont déjà repris du service et 6 ont été délocalisées. Ces sommes, assure M. Tlil seront totalement prises en charges par les assurances en vertu du contrat qui englobe les cas d’émeutes.

Pour ce qui est des engagements de la BNA envers Ben Ali et ses proches, le total s’est élevé à 336,397 MD, représentant 4,8% des engagements de la banque, et 13,5% des engagements du secteur. 97% de ce montant se divise entre les 10 groupes et 65 sociétés alors que la part des personnes physiques est de 3%, soit 9 MD. La partie classée à fin 2010 a atteint 24 MD et nécessitera un provisionnement complémentaire de 10,6 MD. La majeure partie des crédits, soit 180,6 MD figure sous forme d’engagements par signature, le reste est principalement dans le cadre de pool bancaire pour les opérations Carthage Cement (50 MD), Orange (40 MD) et Tunisie Sucre (11 MD). Interrogé sur certaines opérations de cession controversées, M. Tlili a indiqué que celle de Nestlé, dont la BNA détenait 26,6%, s’est faite après intervention de la Commission d’assainissement et de restructuration des entreprises publiques et a dégagé une plus value de 1,7 MD. Les 5% que détenait la BNA dans STAFIM Peugeot ont été quant à eux pratiquement confisquées, obéissant à la même instruction non écrite qu’on reçu les autres banques, avec une plus value constatée de 2 MD. La banque qui, aux dires de M. Tlili, n’a toujours pas fait l’exercice d’estimer son manque à gagner réel en termes de plus-values de cession suite aux pressions politiques subies pour la cession de certaines participations dans des conditions non transparentes, pourrait se constituer partie civile devant les tribunaux pour essayer de récupérer une réparation du préjudice subi.

Enfin, le mangement a conclu avec une petite présentation du budget 2011. La banque s’attend à 600 MD d’engagement bruts en plus par rapport à 2010, et une hausse de 365 MD des dépôts de la clientèle. Le PNB est attendu à 295 MD, et le bénéfice net à 63 MD. La BNA espère également baisser à 9,84% son taux de créances classées et à 43,8% son coefficient d’exploitation. Toutefois, des prévisions, établies au moins d’octobre, n’intègrent pas les implications du nouveau contexte national et les risques sur la Libye font l’objet de recensement qui, aussitôt terminé, pourrait amener la banque à réviser son budget 2011 d’ici le mois de juin.


© Par Karim Bouaziz.