Comparativement à l'année 2003, les réalisations de l’année 2004 seront moins bonnes pour ALKIMIA qui a subi des contre-temps sur le plan de la production, même si la demande des trois majors mondiaux de la détergence

Comparativement à l'année 2003, les réalisations de
l’année 2004 seront moins bonnes pour

ALKIMIA
qui a subi des contre-temps sur le plan de la production, même si la
demande des trois majors mondiaux de la détergence est restée toujours aussi
vive pour le STPP tunisien ; M. Ben Ali, Président-Directeur-Général de la
société, s’est montré plutôt réaliste quant à la suite de l’année 2004 qui a
connu des problèmes de fonctionnement au niveau des nouveaux équipements mis en
service depuis juillet 2004 et qui n'ont toujours pas atteint leur pleine
capacité. En effet, au 4 novembre 2004, la production a atteint 104.140 tonnes
contre 100.250 tonnes pour 2003. Une évolution jugée très faible au regard de la
nouvelle dimension de l’outil de production en place dont l’extension a porté la
capacité à 140.000 T ; Pour la fin de l’année, les deux usines de Gabès
n’engendreront pas les 130.000 tonnes de STPP prévues. Des chiffres plus
réalistes sont donnés par M. Ben Ali qui a parlé d’un volume attendu de 125.000
à 127.000 tonnes. Concernant 2005, l’exercice sera aussi serré et tendu qu’il a
été en 2004. La société qui a reçu des commandes fermes pour 140.000 T, dont
92.000 T venant de Procter & Gamble devra œuvrer à assurer une production à
plein régime à ses usines.

Sur le plan financier, la société, qui vient de publier ses
états financiers au terme des neuf premiers mois d’activité, fait état de
certaines difficultés au niveau de son exploitation avec un chiffre d’affaire
qui n’arrive pas à décoller et des charges d’exploitation qui semblent plus
contraignantes. Ceci s’est reflété dans la baisse de 24,3% du résultat
d’exploitation qui s’est établi à 1,779 MDT contre 2,349 MDT fin septembre 2003.
A comparer avec les chiffres du premier semestre 2004,

ALKIMIA
a pu apparemment se rattraper au niveau de cet agrégat atténuant la
baisse aiguë de son REX au 1S04 (-38%). Le résultat net au terme des neuf
premiers mois a quant à lui reculé de 17% à 2,453 MDT contre une baisse
séquentielle de 13% au premier semestre. La société a profité légèrement au 3éme
trimestre de la réduction des charges financières (-45%) et de l’augmentation
des produits de placement (+22%), mais se trouve, d’un trimestre à l’autre,
pénalisée au niveau de la régularisation du prix de l’acide phosphorique. Il est
à rappeler que ce phénomène d’ajustement des prix par l’apurement de provisions
déjà constatées a eu des effets positifs sur les comptes de la société dans les
trimestres précédents.

En évoquant les difficultés actuelles d’ALKIMIA,
M. Ben Ali a cité deux raisons essentielles. Il y a lieu de remarquer que le
niveau des prix de vente pratiqués par

ALKIMIA
a été déterminé en début d’année sur la base de données qui ont vite
changé de configuration au fur et à mesure de l’année et de l'intervention de
nouveaux facteurs conjoncturels. Ainsi, il s’est avéré, à posteriori, que le
niveau actuel auquel les prix de vente ont été figés est jugé très bas. En
effet, selon le premier responsable de la société, cette dernière ignorait que
la Chine allait réduire sa production de STPP pour des restrictions d’ordre
énergétique, entraînant un déséquilibre important au niveau de l’offre et la
demande qui a eu des répercussions directes sur le marché international. Les
prix se sont ainsi mis à grimper sans que le producteur tunisien ne soit capable
de suivre cette hausse à temps. D’autre part,

ALKIMIA
a subi la montée de sa facture d’approvisionnement en matières
premières à partir du deuxième semestre. Cela a eu des effets restrictifs sur
les marges brutes qui ont été amenées à se rétrécir davantage avec
l’augmentation continue du coût des intrants. En guise d’illustration, M.Ben
Ali, a fait savoir que la tonne d’acide phosphorique qui entre à prés de 70%
dans la composition du coût de production d’une tonne de STPP a connu une
flambée passant de 260$/T en janvier 2003 à 315$ actuellement ; Cela entraînait
un sur-coût de prés de 38,5$ pour la Tonne du STPP produit sur ladite période.
Pour la lessive de soude, son prix est monté de 220$/T à 287$/ alors que la
société pourrait bien la recevoir à 290$/T d’ici la fin de l’année 2004, contre
à peine 60$/T en 2002, rappelle-t-on. Au vu de ce qui précède, il est évident
que la société souffre d’une sensibilité accrue aux variations de ses coûts
d’achat sans que cela ne puisse être répercuté convenablement au niveau de ses
prix de vente pour des raisons de compétitivité; Pour trouver une issue à cet
enchaînement infernal,

ALKIMIA
a été contrainte de procéder à l’élévation de ses prix de vente. Une
politique des prix élevée est toujours mal vue selon l’appréciation de M. Ben
Ali qui cite le risque de déformalisation qui guette la société ainsi que ses
concurrents ; Cette déformalisation consiste à ce que les leaders de la
détergence ne soient un jour obligés de substituer le STPP, tant ils voudraient
arbitrer contre une montée des prix de cette matière;

Au niveau local ALKMIA déclare avoir fixé ses prix de vente à
700DT la tonne, soit une hausse budgétée de 35DT l’unité, assurant toujours
l’approvisionnement en totalité du marché tunisien. A l’export, les prix devront
se rapprocher de 600$/T FOB départ Gabès contre 420$/T auparavant ; A ces
niveaux, les dirigeants croient fermement que la société sera à l’abri de toute
hausse modérée des prix de matières premières. Du côté de la société, on
s’attend à une augmentation de l’ordre de 40 à 50$/T du prix unitaire de l’acide
phosphorique et de la même grandeur dans le carbonate de sodium. En cas de
dérapage des prix, la situation pourrait s’empirer, a averti M. Ben ali. Au plan
des bénéfices, celui de l’exercice 2004 sera inférieur à celui de 2003, et devra
être proche de celui de 1999 qui était de 2,228 MDT, selon les estimations des
dirigeants.

Revenant sur la question de l’usine algérienne, ALKMIA reste
très confiante dans le trés fort potentiel du marché algérien et dans le
processus de privatisation qui a bien été relancé après la réélection de
M.Bouteflika. Les négociations sont en cours pour une prise de participation de
55% dans le capital de KIMILA d’Annaba. Une rencontre avec la partie algérienne
est prévue pour le 20 novembre courant. Cela dit, le conseil d’administration d’ALKIMIA
devra statuer sur cette prise de participation dans sa prochaine réunion du 2
décembre. Plusieurs arguments militent en faveur d’un partenariat entre les deux
parties, selon M. Ben Ali.

ALKIMIA
a déjà programmé d’accroître sa capacité de production à travers
cette opération prévoyant un investissement de 12 millions de dollars sur les
trois prochaines années afin de procéder au revamping des équipements et à la
mise à niveau de l’usine d’Annaba. Une production nominale de 50.000 à 60.000
tonnes devra être atteinte d’ici 4 ans sur le site algérien, contre à peine
8.000 T qui sortent de l’usine actuellement.

ALKIMIA
déclare, d’une part, vouloir sécuriser le marché algérien et
consolider son positionnement stratégique dans la région face aux incursions du
géant marocain ECP en Espagne qui est sur le point de finaliser la reprise de la
division phosphate de Rhodia, d’une capacité de production estimée à 150.000 T
STPP. D’autre part, ALKIMA voulait cumuler des économies d’échelle et bénéficier
d’un effet d’expérience sur ses coûts de production en accroissant davantage sa
capacité d’offre la faisant passer de 140.000 T à 220.000 T. La société est en
train de négocier des commandes fermes portant sur 150.000 T de STPP qui seront
livrés annuellement à Procter & Gamble et qui devront être honorés au delà du 30
janvier 2008. D’ici là, il lui reste de réfléchir et de procéder réellement à
accroître sa production pour satisfaire cette demande. Le STPP demeure
paradoxalement voué à un bel avenir malgré les craintes qui perdurent depuis une
quinzaine d’années déjà.

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2004.