Bourse de Tunis : Un voile d'incertitude entoure encore les résultats de 2021 selon Tunisie Valeurs, qui recommande un horizon de placement à moyen terme

L'intermédiaire en Bourse Tunisie Valeurs consacre une note d'analyse à la situation  économique nationale et internationale, et revient sur l'année boursière 2020. Les analystes de Tunisie Valeurs présentent leurs projections pour l'année en cours, à la lumière des évolution observées sur la conjoncture, sous l'emprise de la crise sanitaire COVID-19 depuis maintenant plus d'un an, ce qui a engendré une récession inédite. 
 
 
Après avoir révisé deux fois à la baisse en Avril et en Juin ses prévisions de croissance mondiale, le Fonds Monétaire International a revu à la hausse, en octobre 2020, ses projections. Le taux de croissance mondiale s’établirait à –4,4 % en 2020, soit 0,8 point de pourcentage au-dessus des prévisions de Juin et ce grâce à l’accélération de l’activité globale aux mois de Mai et en Juin notamment dans les pays qui ont réouvert leurs économies et levé les restrictions aux dépenses. Cette révision à la hausse a touché la majorité des économies avancées à l’instar des Etats-Unis (qui devrait se contracter de -4,3% au lieu de -8% prévu précédemment), de la Zone Euro (-8,3% contre -10,2% prévu en Juin). La France, le premier partenaire commercial de la Tunisie devrait afficher une récession de -9,8% contre -12,5% prévue en Juin. Les pays émergents et en voie de développement devraient connaître une décroissance de seulement -3,3%. La croissance Chinoise, s’établirait à 1,9% contre 1% prévu auparavant après une croissance de 6,9% en 2019.
 
▪ En 2021, une croissance du PIB de 5,2% est attendue, soit 0,2 point de moins que dans la mise à jour de juin 2020. Face à la recrudescence des cas touchés par la pandémie et le ralentissement de l’ouverture de plusieurs pays, le fonds a opté pour plus de prudence.
 
Sur le plan local, les retombées économiques de la crise sanitaire en Tunisie ont été ravageuses en 2020. Les indicateurs économiques en fin d’année, qui tiennent compte d’un confinement d’environ 3 mois, font état d’une contraction historique du PIB (de 8,8% en 2020 contre une croissance de 0,9% en 2019), d’une aggravation des déséquilibres budgétaires déjà marqués (un déficit budgétaire de 11,4% en 2020 contre un déficit de 3,6% une année auparavant ) et de la flambée de l’endettement public (88% du PIB contre 72,5% en 2019). En contrepartie, les analystes de Tunisie Valeurs notent une atténuation graduelle de l’inflation portant notamment la marque de la baisse des prix de l'énergie. La détente constatée au niveau des réserves en devise (160 jours d’importation au 29 décembre 2020) traduit notamment la chute des dépenses d’investissement (-37,7%) ainsi que le manque de dynamisme des échanges extérieurs. En 2021, le gouvernement table sur une croissance de 4% soutenue par la reprise des services marchands et des industries
manufacturières.
 
Après un deuxième trimestre morbide (PIB en recul de 20,1% par rapport au 1er trim. ) fortement impacté par le confinement général, l’amorce d’une forte reprise au troisième trimestre de (PIB en hausse de +19,4 % par rapport au trimestre précédent), le PIB s’est retrouvé encore une fois en zone rouge (en baisse de -0,3% au dernier trimestre) suite à la résurgence de la pandémie. Selon l’Institut National des Statistiques, le PIB national a enregistré une chute historique de 8,8% en 2020. Il s’agit de la plus forte récession qu’ait connue la Tunisie depuis son indépendance en 1956.
 
Lors de sa dernière mission en Janvier 2021, le FMI a estimé que le PIB réel de la Tunisie en 2020 aurait reculé de 8,2% et que la reprise serait de 3,8% en 2021. Le fonds a précisé que la reprise est fortement corrélée à la durée et l’intensité de la pandémie ainsi qu’à l’efficacité de la campagne de vaccination.
 
En 2021, sur fond d’une amélioration de la collecte d’impôts après une année subissant de plein fouet les retombées de la crise sanitaire Covid-19, les recettes fiscales seraient en hausse de 13,9% à 29,8Mds Dt, une recette qui demeure néanmoins inférieure au montant prévu au budget de l’Etat initial de 2020. Il en ressort un déficit budgétaire de l’ordre de 7,9Mds en 2021 soit 6,6% du PIB.
 
L’exacerbation des déséquilibres budgétaires en l’absence d’une croissance ferme et solide, aggrave encore le problème du surendettement structurel du pays. L’encours de la dette publique devrait ainsi atteindre la barre des 100Mds Dt pour s’établir à 109 Mds Dt en 2021 et représenter ainsi 91% du PIB en 2021.
 
Au niveau de la Bourse de Tunis , après une année 2019 blanche sur le front des introductions en bourse, 2020 a été marquée par un retour au papier frais. Le Groupe Assurances Maghrebia riche de 45 ans d’expérience dans l’assurance et 3 ème acteur sur le marché en termes de primes émises a intégré le marché principal en ouvrant son capital au public à hauteur de 30%. Valorisant le Groupe à 250MDt, la mise sur le marché de Maghrebia a connu un succès, récoltant une demande globale de nettement supérieure à l’offre (un taux de sursouscription de 11,4x). L’introduction en bourse de Maghrebia ne manquera pas de donner un souffle nouveau au marché actions et d’enrichir la représentation du secteur de l’assurance autrefois limitée à quatre acteurs seulement : STAR, ASTREE, BH Assurance et Tunis Ré. Avec un taux de
pénétration de 2% seulement et une contribution de 5% dans la capitalisation de la bourse (à fin 2020), le secteur de l’assurance en général et Maghrebia en particulier disposent d’un potentiel de croissance largement inexploité.
 
Selon Tunisie Valeurs, la remontée des indices au cours de la deuxième moitié de l’année 2020 (+4% pour le Tunindex) le montre: une brise d’optimisme souffle sur notre marché. La perspective d’une sortie de la crise sanitaire en 2021 et d’un rebond technique de croissance rendent les investisseurs confiants. D’un autre côté, la baisse des taux*, le plafonnement des rémunérations des comptes à terme et autres certificats de dépôt depuis le mois d’avril 2020 à TMM+1%, la baisse du taux de l’IS à 15% pour la majorité des sociétés cotées à partir de 2021 et le niveau plancher des valorisations (un PER moyen 2021 estimé de 9,2x pour le marché) devraient affaiblir la concurrence des placements bancaires et monétaires et continuer à stimuler un regain d’intérêt dans les actifs risqués en 2021.
 
Mais, gare aux mauvaises surprises, prévient l'intermédiaire en Bourse. Un voile d'incertitude entoure encore les résultats de 2021 en raison d’une possible troisième vague de contamination. Par ailleurs, les répercussions du choc pandémique qui ont détérioré les conditions macro-économiques en 2020 seront encore ressentis en 2021. Toujours est-il que dans le contexte actuel, des opportunités d’investissement peuvent se présenter. Le stock picking demeure le mot d’ordre. La solidité des fondamentaux, la qualité du management et le faible profil de risque restent la ligne de conduite préconisée par Tunisie Valeurs dans ce climat incertain. L’horizon de placement est également un facteur non négligeable dans la stratégie de placement. Pour déjouer la morosité actuelle du marché et profiter d’un bon retour sur investissement, Tunisie Valeurs recommande un horizon de placement relativement à moyen terme, d’au moins deux ans.
 

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