Bourse de Tunis : La déconfiture du marché alternatif

Carthage Cement à 1,2 DT, Servicom à 1,06 DT, MIP à 0,360 DT, AE Tech à 0,420 DT, AMS 0,810 DT, Sanimed 1,620 DT, Tawassol Group 0,280 DT ……un florilège des cours du marché alternatif de Tunis et non pas une simulation de myinvestia.com. Vous ne rêvez donc pas, il s’agit bien de la triste réalité d’un marché dont les émetteurs se sont effondrés comme un château de cartes.  Un marché qui ressemble bien au compartiment de Penny Stocks ces valeurs à haut risque qui se traitent à 1$ et moins sur la Bourse de New York. 

A l’exception de 5 valeurs sur 13 toutes les autres valeurs du Marché alternatif se traitent pour la plupart à leurs plus bas historiques avec des baisses pouvant aller de 40% à 90% de leurs valeurs d’introduction en oubliant la plus célèbre d’entre elles qui a été délistée depuis plus de 2 ans la compagnie aérienne Syphax.  Bien évidemment, on épiloguera que la crise économique est passée par là, que la révolution du 14 Janvier a compliqué le bon déroulement des affaires et que le resserrement du crédit a asphyxié les PME tunisiennes.

Mais la vérité n’est pas du tout celle là mais tout simplement c’est que le marché alternatif pour 2 candidats sur 3 n’a pas du tout attiré les bons émetteurs mais des sociétés avec des modèles économiques fragiles, une gouvernance tatillonne et des ambitions démesurées.

Quoique disent leurs fondateurs, le projet économique de Syphax Airlines tel que présenté par Mr Frikha lors de son introduction n’était pas viable, la diversification dans les BTP opéré par  le mangement de Servicom un choix suicidaire, l’ambition de financer un projet de cimenterie en phase de création une chimère totale, la gestion de la société MIP un désastre total ou encore le modèle économique de Aetech ou Tawassol une voie certaine vers l’échec. 

Ce marché, de surcroît, destiné aux institutionnels a même réussi la prouesse de se dévier de cette optique et d’attirer les petits porteurs qui ont été les grands perdants de la déconfiture de ce marché.  Mais encore une fois, ce n’est pas la demande qui a posé problème, toutes les OPV ayant pu être convenablement clôturées mais bel et bien l’offre qui a été totalement inadéquate et vraiment défaillante.

L’échec du marché alternatif nous renvoie à cette épineuse problématique du financement de la PME qui n’a pu être totalement satisfaite ni par le crédit bancaire, ni par le leasing ni même par le capital risque.  Certains ont pu penser que la bourse pouvait y remédier mais la réponse plus de 10 ans après est cinglante la Bourse n’y peut rien surtout lorsque la majorité qui s’y présentent tentent de la séduire par des arguments fallacieux issus de belles présentations marketing sur Powerpoint et d’une excellente modélisation des Business Plans sur Excel.

En définitive, peu importe les appellations qu’on peut désigner à tel ou tel compartiment de marché, les caractéristiques qu’on lui attribue et encore moins le nombre d’émetteurs qu’il peut drainer et le tintamarre de cloches qu’il engendre,  ce qui est réellement important c’est l’exigence d’une qualité minimale de fondamentaux à réunir afin de créer un catalyseur et non pas un cimetière d’entreprises.

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