Maroc : la Compagnie marocaine de navigation -Comanav- privatisée.[Suite]

Cette semaine, une étape supplémentaire a été franchie avec
la cession de la Compagnie marocaine de navigation (Comanav) qui s'inscrit dans
le cadre de l'ambitieux programme de privatisation du gouvernement.

Suite à la vente de Maroc Télécom à Vivendi, de la Société
marocaine des constructions automobiles (Somaca) à Renault et de la Régie
marocaine des tabacs à Altadis, la privatisation de la Comanav a été remportée,
le 30 mars dernier, par le groupe français de transport maritime CMA-CGM
(Compagnie Maritime d'Affrètement- Compagnie Générale Maritime).

Au cours de ces dix dernières années, les autorités
marocaines ont vendu 70 entreprises d'Etat, soit 82% de l'ensemble des
entreprises d'Etat, soutirant ainsi 8 milliards de dollars des poches des
investisseurs étrangers.

Le ministre des finances et de la privatisation a clôturé
l'appel d'offres sur la base d'un prix total de vente de 2,25 milliards de
dirhams, légèrement en dessus du prix minimum fixé à 2,2 milliards de dirhams.

Si 13 opérateurs - notamment étrangers comme le français
Véolia, l'italien Grimaldi ou bien l'espagnol Transmed - avaient manifesté leur
intérêt dès le lancement de l'appel d'offres le 22 janvier dernier, seuls deux
groupes ont finalement déposé une offre. Le groupe saoudien Saoudy Maritime Co.
for navigation, qui a soumis une offre inférieure à celle du candidat français,
a perdu la partie.

À noter que le capital de la Comanav est réparti entre le
gouvernement (44,5%), la Caisse de dépôt et de gestion (23,43%), l'office
chérifien des phosphates (7,7%) et l'Office de commercialisation et
d'exportation (0,66%). En outre, la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE)
a donné son accord pour la vente de ses parts dans le capital de la Comanav
(23,6%). La BMCE et la Caisse de dépôt et de gestion recevront leur part de la
vente tandis que le restant du solde sera directement versé dans les coffres du
budget, en partie pour financer le fonds Hassan II pour le développement
économique et social.

Après une phase de restructuration opérée au cours de ces
deux dernières années, reposant entre autres sur des licenciements volontaires
et une réévaluation de sa flotte maritime, la Comanav opère actuellement 16
navires porte-conteneurs, et compte un chiffre d'affaires de 180 millions
d'euros en 2006, dont un bénéfice de 9,1 millions d'euros.

"L'arrivée d'un grand groupe comme CMA-CGM permettra à la
Comanav d'intensifier son programme de développement, d'engendrer une plus
grande ouverture sur l'international ainsi que des métiers de la Comanav ainsi
qu'un renforcement du programme d'investissements" a déclaré Toufik Ibrahimi, le
président de la Comanav, à OBG. "De plus le trafic de passager représentera une
dynamique intéressante pour le groupe Franco-Libanais," a-t-il dit.

Par ailleurs, la Comanav est actionnaire à hauteur de 20%
dans le capital du consortium chargé de la construction et de l'exploitation du
deuxième quai à conteneurs de Tanger Med - en partenariat avec Eurogate (40%),
CMS (20%) et CMA-CGM (20%).

La Comanav, qui opère dans le transport maritime de
passagers et de frets et dans les activités portuaires, entend bien profiter de
la libéralisation du secteur de transport maritime.

CMA-CGM, troisième groupe mondial de transport maritime à
conteneurs - derrière le danois Maersk et l'italo-suisse MSC - avec un chiffre
d'affaires de plus de 5 milliards d'euros, poursuit sa vague d'acquisitions
depuis deux ans, avec le rachat successif de Dextra Maghreb, Dextramar, Delmas
et Sud Cargo. La compagnie, qui compte un effectif de plus de 300 salariés pour
ses activités au Maroc, participe à la construction du deuxième quai de Tanger
Med, ayant perdu l'appel d'offres relatif au premier quai.

"Notre intérêt pour cette société (la Comanav) répond à une
stratégie de renforcement des positions marocaines du groupe à la fois en
matière de transport et d'activités portuaires," a affirmé Jacques Saadé, le
président de CMA-CGM, le 23 mars dernier. "L'Afrique du Nord ouvre actuellement
ses portes aux privatisations," a-t-il ajouté.

En intégrant la Comanav à ses activités, le groupe maritime
français verra sa flotte maritime augmenter, alors qu'elle s'élève déjà à
quelque 300 navires porte-conteneurs avec une capacité de transport de plus de
600,000 TEU (Twenty Ft Equivalent Units) desservant 80 lignes maritimes à
l'échelle mondiale. L'envergure mondiale des nouveaux actionnaires de la Comanav
lui permettra de s'ouvrir sur de nouveaux marchés.

OBG

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