Les effets sur le marché mondial de la décision prise le 24/11/2005 de l’UE à réformer son organisation de marché du sucre.[Suite]

Après des négociations difficiles, l'Europe a finalement
réussi à réformer son organisation de marché du sucre. Les ministres de
l'Agriculture des Vingt-cinq ont en effet trouvé, hier le 24 novembre 2005, à
Bruxelles, un compromis qui adoucit les sacrifices imposés aux producteurs
européens tout en modernisant des règlements pratiquement inchangés depuis
quarante ans et violemment critiqués par les producteurs des pays en voie de
développement.

La Commission proposait de réduire de 39 % le prix du sucre
garanti aux producteurs de l'Union sur deux ans, à partir de la campagne
2006-2007, pour établir un équilibre durable de ce marché, largement
excédentaire. Elle souhaitait octroyer à ces producteurs communautaires une aide
compensant 60 % de leur manque à gagner, cette aide étant incluse dans un régime
de paiement unique à l'exploitation, les versements communautaires étant
subordonnés au respect de normes sur l'environnement et la gestion des terres.
Le dernier compromis présenté par la présidence britannique et adopté par le
Conseil, à une large majorité et avec le soutien de la France, limite la baisse
de prix à 36 %, cette baisse intervenant sur quatre ans au lieu de deux. Le
compromis adopté augmente, en outre, légèrement, la compensation du revenu des
betteraviers, cette dernière atteignant 64,2 %, soit une augmentation de près de
5 % par rapport au projet initial de Bruxelles.

Cette réforme prévoit également que l'industrie,
c'est-à-dire les sucriers, devront cotiser davantage à un fonds de
restructuration, qui passera de 4,8 milliards d'euros à 6,3 milliards au cours
des quatre prochaines années. Ce fonds permettra de financer et d'encourager les
fermetures totales ou partielles de capacités de raffinage. Enfin, les deux pays
les plus affectés par cette réforme - l'Italie et l'Espagne -, longtemps
hésitants, ont obtenu quelques compensations supplémentaires en échange de leur
accord. Dans leurs régions les plus pénalisées par la modification des règles,
les aides à la restructuration seront un peu plus élevées, tout comme les
compensations octroyées aux producteurs, ces aides supplémentaires étant
financées à la fois par l'Union et par les budgets nationaux des pays concernés.

Par ailleurs, et selon une étude de la FAO, la
libéralisation mondiale du commerce du sucre entraînerait une diminution de la
production aux États-unis, dans l’UE, en Australie, en Chine, en Indonésie, aux
Philippines, au Mexique, au Brésil et en Afrique du Sud, soient les acteurs
majeurs qui pratiquent actuellement des subventions à leurs agriculteurs et
industriels de la branche. Corrélativement, la consommation augmenterait
principalement aux États-unis et au Japon, en raison de la baisse des prix
intérieurs qui en résulterait. Les importations s’accroîtraient aux États-unis,
en Chine, en Indonésie et dans l’ex-URSS. Les exportations diminueraient dans
l’UE, en Australie, au Mexique et au Brésil. L’effet à terme sur le cours
mondial du sucre est estimé à +7% dans un scénario optimiste. Notons que cette
politique de libéralisation vient en faveur des pays producteurs de sucre et qui
sont en voie de développement.

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