L’intermédiaire en Bourse a consacrée une note d’analyse au budget de l’Etat 2017, dont le montant s’élève à 32.3 milliards de dinars, en hausse de 11% par rapport à l’année précédente. Ainsi, selon Tunisie Valeurs, l’élément le plus interpellant à la lecture du budget de l’Etat de 2017 est le niveau d’augmentation des recettes fiscales: +15, un objectif de collecte jugé ambitieux, aidé par de nouvelles mesures fiscales et notamment par la contribution conjoncturelle qui devrait, à elle seule, renflouer les caisses de l’Etat à hauteur de 900 millions de dinars.
Le deuxième élément à souligner est l’augmentation des ressources d’emprunt, qui dépasseront en 2017 le cap des 8,5 milliards de dinars. Celles-ci ont été estimées sur la base d’un fort appui des organismes internationaux sensés y concourir à hauteur de 4 milliards de DT. Cette contribution est loin d’être acquise. En effet, à lire le communiqué du FMI publié après sa dernière visite en Tunisie, le soutien financier du Fonds sera désormais « calibré » en fonction de l’avancement des réformes du Gouvernement. Il n’est donc pas étonnant de voir, au fil des prochains mois, la structure de financement (local versus extérieur) se balancer en cas de retard dans le déblocage des ressources externes.
L’encours de la dette publique dépasse désormais les 60 milliards de dinars, constituée à hauteur 2/3 par du financement international. En cinq ans, la dette tunisienne a augmenté de quasiment de 20 points en % du PIB (64% à fin 2017). L’Etat « vit clairement au dessus de ses moyens », ses revenus ne couvrent plus ses dépenses courantes, ce qui explique le recours effréné à l’endettement.
Comme expliqué bien souvent, ce n’est pas tant l’encours de la dette dans l’absolu qui doit inquiéter mais plutôt sa rationalité. Nul ne peut s’opposer à un endettement destiné à financer des investissements, à créer des emplois et à générer de la valeur ajoutée. Il y’a bien des économies occidentales, en bonne santé, qui trainent un endettement de plus de 100% du PIB. Mais une dette destinée à payer des salaires – comme cela semble être le cas en Tunisie – ne crée aucune richesse pour ses citoyens et ne fait qu’alourdir le fardeau des remboursements pour les générations futures (surtout avec une dépréciation de la monnaie).
Il est grand temps que la Tunisie inverse la tendance et mette un terme au cercle vicieux du déficit et de l’endettement, conclue la note. Les marges de manœuvre étant très réduites, cela exigera des concessions de la part de tous, du Syndicat pour calmer l’inflation salariale, du Contribuable pour s’acquitter de son devoir « fiscal » et de l’Etat pour favoriser un climat propice à l’investissement (sécurité, lutte contre la corruption, accélération des réformes…), ajoute Tunisie Valeurs.